Mauvaise nouvelle pour l'économie française: les retards de paiement bondissent à 14 jours (c'est seulement 3 jours aux Pays-Bas et 7 en Allemagne)

Des billets de banque. Image d'illustration. - Arne Dedert / dpa / AFP
Les retards de paiement des entreprises et organisations publiques françaises ont dépassé la moyenne européenne au premier semestre, avec 14,1 jours contre 13,5 fin 2024, et connaissent la plus forte dégradation en Europe sur un an, selon une étude du groupe Altares publiée jeudi 18 septembre.
Actuellement, moins de la moitié (45,2%) des entreprises françaises règlent leurs fournisseurs à l'heure, et les grandes structures de plus de 1.000 salariés accusent désormais plus de 20 jours de retard en moyenne, et 15 jours dans les petites structures.
Le secteur public est plus concerné que le privé, avec des délais qui approchent 15 jours (+1,5 jour en six mois), contre 13,3 dans le privé. Dans le public, les hôpitaux (21,7 jours) et services déconcentrés de l'État (25,4 jours) "sont les lanternes rouges", souligne l'étude.
Des retards préjudiciables pour les sous-traitants
"On est encore loin d'une culture de la ponctualité", remarque Thierry Millon, directeur des études chez Altares, qui souligne que ces retards "sont très préjudiciables pour les sous-traitants". Il remarque "qu'entre instabilité politique, tensions sociales, guerre commerciale et croissance modérée, les acteurs publics et privés naviguent à vue" cette rentrée.
Par secteur, l'immobilier est dans le rouge (28,8 jours pour les agences immobilières) mais le bâtiment se montre vertueux à 8,3 jours de retard au deuxième trimestre. Les industriels règlent globalement leurs fournisseurs avec trois jours de moins que la moyenne, mais ces délais ont approché 19 jours dans la boulangerie en juin.
Le commerce présente aussi de grands écarts, de 10 jours dans les matériaux de construction à 30 dans l'e-commerce. Les très petites entreprises (TPE) de moins de trois salariés restent les plus vertueuses, avec des retards contenus sous les 13 jours.
Thierry Millon voit dans la future facture électronique obligatoire "un espoir de règlements plus rapides". La réforme commencera à entrer en vigueur en septembre 2026. En attendant, il suggère de mettre en place une sanction pouvant aller jusqu'à 1% du chiffre d'affaires de l'entreprise retardataire.
À l'échelle européenne, les disparités restent fortes. Les Pays-Bas (3 jours) et l'Allemagne (moins de 7 jours) font figure de bons élèves, tandis que le Portugal (24,5 jours) et l'Italie (17 jours) ferment la marche. L'Espagne, avec 14,9 jours, se rapproche de la France. Le Royaume-Uni maintient une moyenne sous les 13 jours.