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Le Médiateur des entreprises alerte sur les retards de paiement qui repartent à la hausse

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L'an dernier, la Médiateur des entreprises a traité 1.903 demandes de médiation. Un niveau stable depuis 2020. Il alerte en revanche sur le nombre moyen de jours retards de paiement qui tendent à augmenter.

L'activité du Médiateur des entreprises est restée stable en 2024, à un niveau supérieur à celui d'avant-Covid, a-t-il annoncé ce mercredi, en soulignant que les délais de paiement dans le secteur de la défense sont pour lui un prochain enjeu clé. Le Médiateur, qui dépend du ministère de l'Economie, a traité l'an dernier 1.903 demandes de médiation, contre 1.940 l'année précédente, soit un niveau à peu près stable depuis 2020, mais supérieur à ce qu'il était précédemment.

Il a ainsi réalisé sur les quatre années de la période 2021-2024 presque autant de médiations que sur les dix années 2010-2019. En 2024, leur taux de succès a atteint 70%. Les conditions de paiement ont été le premier motif de saisines l'an dernier, avec 41% des dossiers traités: "Un chiffre qui est en légère croissance", a regretté sur BFM Business le Médiateur des entreprises, Pierre Pelouzet. Les médiations ont concerné à 76,6% la commande privée, à 16,3% la commande publique, tandis que 7,1% ne concernaient pas des contrats.

"Il y a des tensions de plus en plus fortes entre les acteurs économiques en raison des secousses apparues depuis le Covid, or énormément de choses peuvent être réglées par le dialogue", a également souligné Pierre Pelouzet, lors de la présentation à la presse du rapport d'activité annuel.

Des délais de retards de paiement qui repartent à la hausse

Selon lui, le nombre moyen de jours de retard dans les paiements de factures, qui stagnait à une douzaine depuis 2020 commence à remonter: "Les chiffres des retards de paiement malheureusement repartent à la hausse. Le délai de retard avec tout le travail qu’on avait fait on était arrivé à 10 jours en moyenne avant la crise Covid. (…) Pendant le Covid ça a explosé, on est passé à 16-17 jours de retard. On est redescendu en sortie de crise à 12 jours de retard en 2021. Mais ce qu’on est en train de voir c’est qu’on est en train de passer à 13 voire à 14 jours de retard", a-t-il détaillé sur BFM Business.

"Un jour de retard, c'est un milliard d'euros dans les caisses" des grandes entreprises et grandes administrations "plutôt que dans celles des petites et moyennes entreprises", a-t-il également relevé.

Besoin de trésorerie "énorme" pour la défense

La défense sera un point d'attention du Médiateur dans les prochains mois, avec l'effort massif décidé en France et en Europe à la suite de l'évolution de la position américaine sur la guerre en Ukraine. Avec des commandes qui vont "doubler ou tripler", il y aura un besoin de trésorerie "énorme" pour les petites entreprises du secteur, a noté Pierre Pelouzet.

"Nous allons travailler avec tout l'écosystème" pour "faire en sorte que les paiements soient respectés", voire aider les entreprises avec des acomptes, a-t-il ajouté. Le ministère des Armées avait prévenu la semaine dernière qu'il serait "particulièrement exigeant" pour que les grands industriels "déclinent bien les commandes et les paiements" de l'Etat "vers leurs sous-traitants". La base industrielle et technologique de Défense (BITD) française comporte neuf grands groupes, comme Dassault Aviation, Thales ou Airbus, mais aussi quelque 4.500 entreprises de plus petite taille.

P.L. avec AFP