Malgré le soutien de l'Etat, les marges des entreprises ont fondu en 2020

La plupart des salariés attribuent le stress ressenti à la charge de travail qu'ils doivent supporter - caio Triana - Pixabay - CC
Les filets de sécurité mis en place par l'Etat ont bien permis d'éviter une vague de faillites l'an passé. Le nombre de défaillances a ainsi fortement reculé sur un an: -39%, soit 32.000 défaillances sur l’année.
Pour autant, l'Etat n'a rien pu faire contre la baisse très sensible des marges des entreprises. Le taux de marge a en effet reculé en 2020 à 29,3%, soit près de -4 points par rapport au niveau de fin 2019 (33,2%).
Dans une note, Euler Hermes met en avant trois facteurs pour expliquer ce repli. "La baisse de la productivité en raison des fermetures administratives et des contraintes sanitaires ; le recul de la consommation des ménages, synonyme d’entrées moins importantes de chiffre d’affaires ; le poids des compensations salariales (malgré le dispositif du chômage partiel), qui sont progressivement devenues moins généreuses pour les secteurs qui n’étaient pas directement touchés par les mesures sanitaires".
Un taux d'endettement des entreprises quasiment deux fois plus élevé qu'en Allemagne
Si la reprise de l'activité se confirme et que les dispositifs de soutien restent en place au second semestre, le cabinet estime que le taux de marge des entreprises françaises devrait repartir à la hausse et atteindre environ 31% cette année.
Autre sujet d'inquiétude, l'endettement des entreprises qui a flambé notamment à travers les souscriptions de prêts. A la fin du troisième trimestre 2020, le taux d’endettement des entreprises françaises avait déjà cru de près de +13 points par rapport au quatrième trimestre 2019 pour atteindre 85,9% du PIB.
Un niveau bien supérieur à celui des autres entreprises européennes au même moment, qui atteignait 67,6% du PIB en moyenne en zone euro (+6,3 pts) et 45% du PIB en Allemagne (+4 pts).
62.000 faillites l'an prochain?
Pour autant, si ce niveau est élevé, il est tenable car "le remboursement des PGE a été décalé à mars 2022, ce qui permettra à court terme de préserver les trésoreries. Mais à moyen terme, le poids de cette dette pèsera forcément sur la solvabilité des entreprises françaises, sur leurs marges et leur capacité d’endettement. Un constat particulièrement valable pour les entreprises évoluant dans les secteurs les plus exposés au contexte sanitaire (distribution, hôtellerie-restauration, évènementiel, tourisme, …)", souligne Euler.
Autant d'éléments qui pourraient mécaniquement accélérer le nombre de défaillances cette année mais surtout l'année prochaine, estime le cabinet. "Nous estimons ainsi que le risque d’impayés se renforcera considérablement en 2021 et en 2022, avec 45.000 défaillances d’entreprises cette année et 62.000 l’année prochaine en France. Là est l’enjeu de l’année à venir pour les entreprises françaises: saisir les opportunités offertes par le rebond économique attendu, tout en préservant sa trésorerie du risque d’impayés", commente Selin Ozyrut, économiste France chez Euler Hermes.