L'Insee table sur une croissance de 1% au 1er trimestre

Le drapeau français flottant au-dessus du palais de l'Elysée, ici le 30 janvier 2013. - Patrick Kovarik - AFP
Pour observer un vrai rebond de l'économie française, il ne faudra pas compter sur le premier trimestre. Dans sa dernière note de conjoncture, l'Insee table sur "une stabilisation globale de l’activité économique par rapport au mois de décembre 2020".
En cause, "les mesures de restrictions sanitaires en vigueur depuis le début de l’année (qui) se situent en effet dans le prolongement de celles instaurées au sortir du deuxième confinement".
Au total, le PIB du premier trimestre croîtrait de 1% en évolution trimestrielle, et se situerait 4% sous le niveau d’avant-crise, estime le statisticien (contre -5% au dernier trimestre 2020).

Reprise en V pour l'industrie, les services en berne
Pour Julien Pouget, chef du département de la Conjoncture, ce premier trimestre se caractérise par "un entre deux sanitaire et économique, entre signes de lassitude et signes de résistance". Ainsi, l'activité industrielle résiste avec "un retour au niveau d'avant crise pour certains secteurs comme les biens d'équipement avec une reprise en V. La situation est beaucoup plus contrastée pour les services", explique-t-il.
"La décomposition des différents postes de la demande montre par ailleurs que la consommation contribuerait le plus fortement au rebond du début d’année", peut-on lire dans la note. "Elle reste bridée, mais s'adapte", explique l'expert.
L'Insee table sur un repli de 5% de cette consommation par rapport à son niveau d'avant-crise après -7% au 4e trimestre 2020. Les soldes d'hiver ont provoqué un dynamisme dans le secteur de l'habillement mais au total, en observant les transactions CB, les pics de dépenses sont inférieurs à ceux observés pour les soldes 2020 et 2019.

L'activité des soldes en retrait
Du côté des revenus des ménages, ils devraient encore progresser de 1% (après +1,5% au 4e trimestre 2020) "avec la reprise des revenus d'activité". Quant au pouvoir d'achat, le gain serait de 0,4%.
"La contribution de l’investissement serait faiblement positive ; celle des échanges extérieurs serait nulle et celle des stocks, positive au quatrième trimestre 2020, serait faiblement négative", explique par ailleurs l'Insee.
Enfin, sur le front de l'emploi, les destructions vont accélérer sur un trimestre, estime l'Insee avec -77.000 postes contre -21.000 au dernier trimestre 2020. Elles concerneront les entreprises des secteurs les plus exposés au caractère durable de la crise.
Le taux de chômage va remonter à 8,5%
Le taux de chômage devrait passer de 8% à 8,5% sur un trimestre "avec le retour dans la population active de personnes empêchées de chercher activement un travail qui étaient sorties de la population active au trimestre précédent", explique Olivier Simon, chef de la division Synthèse conjoncturelle. De quoi provoquer des baisses en trompe l'oeil du chômage. "Ce retour va faire grossir la population active et donc le nombre de chômeurs", poursuit-il.

A 8,5%, le taux de chômage sera ainsi 0,4 point supérieur à son niveau d'avant-crise.
Pour le deuxième trimestre, un "assouplissement des restrictions à partir de la mi-avril conduirait à une poursuite progressive de la reprise de l’activité économique", peut-on lire.
"Dans ce scénario, le PIB augmenterait alors de nouveau au deuxième trimestre, à hauteur de 1%, et l’écart d’activité serait de -3% par rapport au quatrième trimestre 2019, c’est-à-dire un point haut depuis le début de la crise (comparable à celui de -3,5% atteint au troisième trimestre 2020)", peut-on lire dans la note.
Un acquis de croissance de 5,5% au premier semestre
Mais ces prévisions (qui se basent notamment sur une réouverture des hôtels et restaurants) restent évidemment "tributaires de la situation sanitaire", prévient Julien Pouget
L’acquis de croissance annuelle à l’issue du premier semestre 2021 serait alors de 5,5%, pas très loin des objectifs du gouvernement et de la prévision de la Banque de France.