Loi Egalim: le gouvernement veut multiplier les contrôles face à la colère des agriculteurs

Une banderole lors d'une manifestation organisée par les syndicats agricoles au Mans, le 15 février 2022 (photo d'illustration). - JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
Le gouvernement tente de répondre à la colère des agriculteurs. L'État "multipliera dès la semaine prochaine les contrôles" liés aux négociations en cours entre distributeurs et industriels, afin d'assurer à ces derniers un revenu décent, a annoncé samedi le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, lors d'un déplacement dans la Marne à l'occasion de la fête de Saint-Vincent, patron des vignerons.
"Dès la semaine prochaine, la direction générale de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) multipliera les contrôles sur les négociations commerciales en cours pour s'assurer de la préservation du revenu des producteurs agricoles", a assuré Bruno Le Maire.
"Nous serons intraitables avec les distributeurs qui ne respecteront pas les dispositions de la loi Egalim", a-t-il ajouté. "Je ne veux pas que ces négociations se traduisent par un affaiblissement du revenu des producteurs". Ce texte, voté en 2018 à l'issue des Etats généraux de l'alimentation, prévoit que les prix payés aux agriculteurs tiennent compte de leurs coûts de production, pour éviter qu'ils ne vendent à perte.
Négociations commerciales
Le premier round des négociations entre les enseignes de supermarchés et une partie de leurs fournisseurs de l'agro-industrie s'est achevé lundi. À l'issue de celui-ci, l'Association des entreprises des produits alimentaires élaborés (Adepale) s'est dite "inquiète" de "l'avenir des lois Egalim (...), puisque la grande distribution démontre lors de ces négociations une faible sensibilité à la sanctuarisation des matières premières agricoles".
Samedi matin, le président du syndicat Jeunes agriculteurs a répété sur Europe 1 qu'il fallait "faire appliquer" cette loi, alors que se multiplient les manifestations de mécontentement de la profession. Vendredi, l'Elysée a indiqué que le président Emmanuel Macron avait "demandé au ministre de l'Intérieur de donner instruction aux préfets d'aller dès ce weekend à la rencontre des agriculteurs" et de leurs syndicats, "au plus près du terrain".
En France, comme en Allemagne, en Roumanie et en Pologne, les manifestations d'agriculteurs se multiplient depuis quelques semaines. La semaine dernière, la loi Egalim s'est pour la première fois retrouvée au cœur d'un litige judiciaire entre un vigneron du Médoc et ses négociants en raison d'un tarif de vente de la production que l'agriculteur juge "abusivement bas".