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Les Français veulent partir plus tôt à la retraite que certains de leurs voisins européens

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Selon une étude, le salarié français de plus de 55 ans souhaite partir à la retraite à l'âge de 62 ans. Pour les 18-34 ans, l'âge idéal est de 55 ans.

À quel âge souhaiteriez-vous partir à la retraite ? C'est la question qui a été posée à 5000 salariés européens par le géant mondial des ressources humaines SD Worx. Si on observe des divergences entre les pays, l'enquête note surtout une différence notable entre les générations. Les auteurs de l'étude se sont en effet intéressés à deux catégories de salariés, les 18-34 ans et ceux de plus de 55 ans.

Pour les répondants de plus de 55 ans, qui approchent de la retraite, l'âge idéal de départ est de 62 ans pour le Français, le même que l'âge légal actuel, que l'exécutif songe par ailleurs à faire reculer. Pour le Belge, c'est 63 ans, pour l'Allemand et le Britannique, c'est 65 ans. Le Néerlandais, lui, a répondu 66 ans en moyenne. Notons que pour ces derniers pays, l'âge de départ légal est plus tardif qu'en France: 65 ans et bientôt 66 ans pour la Belgique, 67 ans pour l'Allemagne, 66 ans et bientôt 67 ans aux Pays-Bas.

Avec les plus jeunes générations, c'est le grand écart: selon l'étude, 55 ans est l'âge de départ à la retraite idéal pour un Français de moins de 35 ans. On grimpe jusqu'à 60 ans pour le jeune Néerlandais. Le jeune Allemand, lui, se verrait bien partir avant 50 ans.

Préretraite plutôt que formation

Comment expliquer ce grand écart entre les générations? La première explication, c'est le manque de perspectives d'avenir, de perspectives professionnelles. Qu'est-ce qui motive à continuer de travailler? Les hausses de salaire: or, on sait qu'aujourd'hui en France on a un salaire net qui est très largement amputé par les prélèvements obligatoires. C'est aussi la baisse du temps de travail et davantage de temps libre: on est déjà allé très loin en termes de baisse du temps de travail, on a peu de marge de manœuvre.

Par ailleurs, pendant des décennies, en France, on a préféré la préretraite à la formation des plus de 55 ans, ce qui fait qu'aujourd'hui les perspectives de fin de carrière sont relativement faibles chez nous. Même si le taux d'emploi des plus âgés a beaucoup progressé, notamment grâce à la réforme Fillon qui a repoussé l'âge de départ à 62 ans, le taux d'emploi des Français les plus âgés reste le plus bas d'Europe.

La deuxième raison, comme l'a récemment souligné la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav), c'est la peur des réformes de retraite. On sait qu'il faut s'attendre à une réforme des retraites tous les deux ans, et on veut partir à la retraite avant qu'elle soit mise en œuvre, parce qu'on a pas envie de la subir. Toutes les petites réformes paramétriques destinées à faire travailler plus longtemps les salariés français incitent, en fait, à travailler moins longtemps.

Equilibre avec la vie personnelle

Il ne faut pas non plus oublier que le rapport au travail, entre les plus jeunes et leurs aînés, leurs parents, a totalement changé. Il y a un stress beaucoup plus grand qui est ressenti par les plus jeunes. Et, surtout, il y a une donnée qui est confirmée depuis plusieurs années: le jeune salarié est très sensible à l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, ce qui n'est pas forcément le cas pour les plus âgés.

Nicolas Doze avec Jérémy Bruno