Le rachat de Suez par Veolia va-t-il entraîner une hausse du prix de l’eau?

Le verre d'eau du robinet est deux cents fois meilleur marché que le verre d'eau tiré de l'eau en bouteille. - Anne-Chrisitine Poujoulat - AFP
Les deux leaders du marché de l’eau en France, Veolia et Suez, pourraient ne faire prochainement qu’un. Le premier cherche actuellement à prendre le contrôle de son rival en achetant l’essentiel des parts de Suez détenues par Engie. Le PDG de Veolia Antoine Frérot explique vouloir ainsi construire le "champion mondial de la transformation écologique", un géant français pesant plus de 40 milliards d'euros, sur fond de compétition accrue - chinoise notamment.
Pour éviter que l’opération ne soit retoquée par l’autorité de la Concurrence, Veolia a fait la promesse de revendre la filiale française dédiée à l’eau de Suez au fonds tricolore Méridiam, spécialisé dans les infrastructures. Cela concerne 11.000 salariés (sur les 30.000 que compte Suez en France) et un carnet de clients de 8 millions de foyers français. Méridiam sera alors le deuxième acteur privé du marché français.
La concurrence va jouer
Mais les usagers ne risquent-ils pas de faire les frais de cette transaction, en voyant le prix du mètre cube d’eau s’envoler ? Dans une interview au Parisien, Thierry Déau, fondateur et PDG de Méridiam, certifie que le prix de l’eau ne va pas s’envoler. En moyenne en France, le prix du mètre cube est de 4,08 euros en 2017 ce qui marque une augmentation de 0,23 centimes en 5 ans.
"La concurrence l’empêchera. Et que nous allons mettre tous les moyens dans Suez Eau France pour être un concurrent crédible face à Véolia", justifie Thierry Déau. Et d’ajouter que si actuellement il est un allié d’Antoine Frérot, PDG de Véolia pour aboutir au rachat de Suez "une fois que tout sera signé, nous serons les meilleurs ennemis sur le marché de l’eau en France".
Le PDG de Méridiam explique vouloir accélérer l’innovation de Suez Eau France pour moderniser son réseau, mais pas uniquement pour des fins de productivité. Il s’agit aussi de restaurer la confiance avec leurs clients que sont les collectivités locales.
"Elles n’avaient pas une vue claire que ce qui se faisait vraiment. Grace à l’innovation et à la digitalisation, on peut augmenter ce capital confiance ", argumente Thierry Déau.
Car Méridiam est un investisseur industriel, qui va s’engager pour 25 ans minimum avec tous les moyens nécessaires pour se développer. L’entreprise, qui gère 8 milliards d’actifs, est notamment présent dans l’aéroport de La Guardia à New York, le tunnel du port de Miami, des centrales solaires en Espagne mais aussi dans la ligne LGV Tours Bordeaux.