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Le Premier ministre japonais annonce un plan de soutien massif à l'économie

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Fumio Kushida a dévoilé un ensemble de mesures d'un montant de 107 milliards. Il espère ainsi alléger les effets de l'inflation sur la population et regagner en popularité.

L'objectif est double. Le Premier ministre nippon a dévoilé jeudi un plan de soutien à l'économie du pays d'un montant équivalent à 107 milliards d'euros, afin d'alléger les effets de l'inflation sur les Japonais et de tenter de regonfler sa cote de popularité. Ce plan devrait être légèrement supérieur à 17.000 milliards de yens (106,7 milliards d'euros au taux actuel), a annoncé Fumio Kishida lors d'une réunion gouvernementale en présence de représentants du parti au pouvoir.

"Le plus important pilier de ce plan de mesures économiques exhaustives est de renforcer la capacité d'approvisionnement afin d'améliorer les possibilités de revenus pour les entreprises", a-t-il précisé.

Le Japon, marqué par des décennies de déflation, subit depuis le printemps 2022 une accélération de la hausse des prix à la consommation sous le coup de la flambée des prix de l'énergie après le déclenchement de la guerre en Ukraine et de la chute simultanée du yen. Depuis début 2023 l'inflation est nourrie par d'autres postes de dépenses comme les produits alimentaires transformés et les services.

Politique accomodante

"Nous constatons que le cercle vicieux de la déflation, symbolisé par des prix et des salaires bas et une croissance faible, est en train de s'inverser", a déclaré jeudi le Premier ministre, estimant que "pour la première fois depuis 30 ans, nous sommes face à une formidable occasion de passer à une nouvelle étape économique". Cependant "dans la situation actuelle où la hausse des salaires ne suit pas celle des prix, il est nécessaire de soutenir temporairement le revenu disponible des Japonais afin d'éviter un retour à la déflation", a-t-il dit.

La Banque du Japon (BoJ), dont la politique monétaire extrêmement accommodante, à rebours de celles des autres pays industrialisés, a contribué à faire baisser le yen, a décidé cette semaine de maintenir l'essentiel de cette politique, estimant aussi que l'inflation actuelle n'est pas accompagnée d'une croissance des salaires, qui alimenterait à son tour la consommation.

Déficit de popularité

Fumio Kishida, dont la gestion est critiquée face à cette hausse des prix, a vu sa popularité tomber au plus bas depuis son élection en 2021. Le gouvernement devait annoncer davantage de détails plus tard dans la journée au sujet de ce plan qui pourrait représenter selon les médias locaux un total de 37.400 milliards de yens (237,7 milliards d'euros) en incluant également des investissements du secteur privé.

Les mesures devraient inclure des réductions d'impôts d'un montant de 40.000 yens (251 euros) par personne et des aides de 70.000 yens (439 euros) pour les ménages à faibles revenus, selon la chaîne de télévision publique NHK. Le plan doit aussi comprendre des mesures pour faire baisser les prix de l'essence et des factures d'énergie ainsi que pour encourager les investissements dans le domaine des semi-conducteurs et de l'industrie spatiale.

Creuser les finances

L'économiste Hideo Kumano, de l'institut de recherches Dai-ichi Life, s'est cependant dit "sceptique" quant à "la capacité de ce plan à soutenir une croissance durable de l'économie japonaise". Les mesures incluent "des dépenses à court terme pour atténuer l'impact de la hausse des prix des carburants", mais sur une période insuffisante compte-tenu des dernières prévisions de la BoJ (2,8% hors produits frais sur l'exercice qui se terminera fin mars), a-t-il déclaré à l'AFP.

Ces mesures devraient aussi contribuer à creuser encore les finances du Japon alors que le niveau de sa dette publique est déjà le plus élevé parmi les grandes nations industrialisées, se situant actuellement à plus de 260% de son PIB selon le FMI (Fonds monétaire international). Le plan doit encore être approuvé par le Parlement.

T.L avec AFP