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Le plein-emploi, pourquoi ce sujet est totalement absent de ces législatives?

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Avec un taux de chômage de plus de 7%, la France est encore très loin du plein-emploi, un objectif totalement absent du débat des législatives. Le pays qui dépense 32% de son PIB en dépenses sociales (record d'Europe) fait pourtant reposer son modèle de protection sur les cotisations des personnes en emploi.

Dans cette campagne on parle pouvoir d’achat, sécurité, immigration ou encore retraites mais il y a un très grand absent: l’emploi. Lors du premier grand débat, diffusé par TF1, personne ou presque n’a proposé de solution pour atteindre le plein-emploi.

Du côté du gouvernement, Gabriel Attal souhaite poursuivre sur la même ligne avec la réforme de l’assurance chômage qui doit toujours entrer en vigueur en juillet.

Mais dans les oppositions, c'est silence radio. Le mot "chômage" n'apparait ainsi qu'une seule fois dans le programme du Nouveau Front populaire (NFP) et dans celui du Rassemblement national (RN). Et c’est simplement pour signifier qu’ils abrogeront et l'un et l'autre la réforme actuelle de l’assurance-chômage. Voire toutes les réformes depuis 2017 pour le NFP.

Les maigres proposition du RN et du NFP pour l'emploi.
Les maigres proposition du RN et du NFP pour l'emploi. © BFMTV

Sur la question de l’emploi, du côté du RN on indique simplement vouloir durcir les conditions du regroupement familial avec cette idée de laisser l’emploi aux Français. Pour le NFP on souhaite relancer une nouvelle mouture d'emplois aidés pour les associations, mais sans donner plus de précisions.

Les deux groupes font sinon le pari que leurs dizaines milliards d’euros d'argent publics dépensés généreront de la croissance, ce qui ferait baisser le chômage. Les années passées ont montré que la croissance n'était pas suffisante pour faire baisser le chômage. La France a ainsi une croissance supérieure à celle de l'Allemagne depuis six ans mais un taux de chômage deux fois plus élevé.

Une question qui ne préoccupe pas plus que ça les candidats. Pour une raison simple: ce n'est plus une angoisse des Français. Selon notre enquête, menée par l'institut Elabe, avec La Tribune Dimanche, l'emploi n'est que la dixième préoccupation des Français au regard des élections législatives. 14% des Français interrogés estiment que cette thématique comptera dans le vote, contre 58% pour le pouvoir d'

Si le chômage ne tourmente plus les Français c'est parce que ces dernières années, la France est sortie du chômage de masse. Entre 2015 et 2024, le taux de chômage est passé de plus de 10% à environ 7% de la population active.

Le taux d'emploi des 15-64 ans est au plus haut depuis 1975.
Le taux d'emploi des 15-64 ans est au plus haut depuis 1975. © BFMTV

De plus, le taux d'emploi, soit la part de 15-64 ans qui ont un travail, frôle les 69%. Soit son niveau le plus élevé depuis que l'Insee le mesure, soit 1975.

Pour autant le problème est-il vraiment réglé? Loin de là. La France reste encore très loin du plein-emploi et de la barre des 5% de taux de chômage.

Selon les derniers chiffres d'avril 2024 de la Commission Européenne, la France, avec un taux de chômage de 7,3%, est encore en retard sur nombre de ses voisins. Même l'Italie, longtemps touchée par le chômage de masse, est à 6,9% et la plupart des pays du nord ou du centre de l'Europe sont déjà au plein-emploi. C'est le cas de l'Allemagne, des Pays-Bas, de l'Autriche ou encore de la République Tchèque.

Le taux de chômage en France est très loin du plein-emploi.
Le taux de chômage en France est très loin du plein-emploi. © BFMTV

Or le plein emploi n'est pas qu'une lubie statistique, c’est la condition sine qua non de financement de notre modèle social.

La France dépense chaque année plus de 32% de son PIB pour la protection sociale. Le niveau le plus élevé d'Europe et ce depuis sept ans. Cela représente 12.550 euros par an et par habitant.

Gratuité des soins, retraites, prestations familiales, assurance chômage, aides au logement... Ces 850 milliards d'euros dépensés par an sont essentiellement financés par les cotisations des actifs en emploi.

Alors que le système des retraites est de nouveau déficitaire en 2024 selon le COR, l'amélioration du taux d'emploi, donc du nombre de cotisants, est un objectif totalement qui brille par son absence dans la campagne et plus globalement dans le débat public.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco