BFM Business
Economie

Le gouvernement britannique songe à abandonner sa "taxe Gafa" pour amadouer Donald Trump

Keir Starmer et Donald Trump à la Maison Blanche, ce jeudi 27 février.

Keir Starmer et Donald Trump à la Maison Blanche, ce jeudi 27 février. - CARL COURT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA

Dans le cadre d'un accord commercial bilatéral négocié entre Londres et Washington, la taxe visant les géants du numérique opérant au Royaume-Uni pourrait être abandonnée.

Comment amadouer le président Trump? Et éviter de futurs droits de douane prohibitifs qui pourraient frapper le Royaume-Uni à l'instar d'autres pays européens? Le locataire de la Maison Blanche a en effet menacé de "droits de douane réciproques" les pays qui appliquent des taxes considérées comme injustifiées. Ces hausses tarifaires prévues pour avril viseraient ainsi la France, l'Allemagne ou encore le Royaume-Uni.

Mais à Londres, le premier ministre Keir Starmer s'active pour éviter le choc tarifaire. L'accord de "prospérité économique" en cours de discussion entre le premier ministre britannique et le président américain connaît de nouvelles avancées. Une brève discussion téléphonique a eu lieu dimanche selon l'AFP.

Londres pourrait renoncer à sa taxe Gafa

Au menu des discussions entre Londres et Washington pourraient figurer des concessions sur la taxe Gafa, voire leur suppression pure et simple comme l'indique l'article des Échos. Cette taxe sur le chiffre d'affaires des géants de la tech est prélevée de manière unilatérale par certains pays européens. Elle l’est par le Royaume-Uni depuis 2020 et vise les revenus des entreprises réalisant plus de 500 millions de livres de chiffre d'affaires. En France, elle est organisée par une loi de 2019. Elle ponctionne à hauteur de 3% les chiffres d’affaires des géants de la tech, comme Meta, Google, Amazon mais aussi Criteo.

L'Espagne, l'Italie ou l'Autriche ont également mis en place leur propre taxe GAFA. Ces cadres législatifs nationaux sont censés rester en vigueur jusqu'à l'obtention d'un accord global sur la fiscalité du numérique - toujours en cours de négociation à l'OCDE.

Des taxes sur les géants numériques qui ont toujours irrité Trump

Renoncer à sa taxe Gafa à l'anglaise, une main tendue de Keir Starmer à la Maison Blanche qui lui coûterait près de 800 millions de livres en rentrées fiscales (950 millions d'euros).

Interrogée sur BBC One ce dimanche, la ministre de l'Économie Rachel Reeves a déclaré que le Royaume-Uni devait "trouver le bon équilibre, et ces discussions sont actuellement en cours."

"Nous voulons progresser, a-t-elle reconnu. Nous ne voulons pas que les exportateurs britanniques soient soumis à des droits de douane plus élevés."

Un changement potentiel très critiqué sur l'échiquier politique, notamment par les Libéraux-démocrates qui ont déclaré que le Parti travailliste "risqu[ait] de perdre sa boussole morale".

Rétropédalage?

La suppression n'est toutefois pas encore actée. Un porte-parole de Keir Starmer a semé le doute, rappelant lundi que "les entreprises continueront de payer leur juste part d'impôt, y compris les entreprises du secteur numérique".

Mais si ce rétropédalage sur les taxes Gafa venait à se confirmer, il permettrait à Londres de donner des gages à un président américain qui s'est toujours insurgé de leur existence. En 2019 déjà les Etats-Unis avaient menacé de représailles les pays mettant en place une taxe sur les activités numériques des géants américains, ce qui avait conduit certains pays à renoncer.

En février dernier, un responsable de l'administration clarifiait la position américaine auprès de Reuters:

"Le président Trump ne permettra pas aux gouvernements étrangers de s'approprier la base fiscale de l'Amérique à leur profit".

Et cette fois, sauf si les Etats-Unis ont gain de cause, les représailles sont imminentes.

Marine Landau