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Le gel menace les vignobles français

Les fortes chaleurs ont fait sortir les bourgeons des vignes mais les voici désormais menacés par le gel. La vague de froid pourrait durer encore plusieurs jours, inquiétant les vignerons.

Après avoir observé des records de chaleur la semaine dernière, la France est traversée par une vague de froid, et le gel menace les vignobles. Alors, dans la nuit de lundi à mardi, les vignerons ont veillé. Selon les régions, le gel pourrait durer encore plusieurs jours. La situation est délicate car les bourgeons viennent de sortir et sont très fragiles.

"Les bourgeons sont gorgés d'eau. Si les températures descendent en dessous de -2°C -3°C, c'est la totalité du bourgeon qui va sécher et donc potentiellement toute ou partie de la récolte à venir qui sera condamnée, selon l'importance du gel", témoignait mardi sur franceinfo Jean-Marie Fabre, président de la Confédération des vignerons indépendants de France.

L'une des solutions pour préserver les vignes est d'installer des milliers de bougies dans les cultures, constituées de blocs de paraffine disposés dans des boîtes métalliques. Le but: éviter que des cristaux de glace ne se forment et qu'au lever du soleil, ils fassent un effet "loupe" qui brule les bourgeons. La chaleur des bougies empêche la formation de ces cristaux et leur fumée fait barrage aux rayons du soleil.

Si le gel dure, les cultures seront perdues

"Les bougies permettent de gagner quelques degrés. On se bat parce qu’on veut pas rester à rien faire mais si il fait -6°C comme cela a été annoncé, les bougies ne serviront pas à grand chose", témoigne Adeline, compagne de Sylvestre Mosse, qui a repris en 2015 avec son frère le domaine familial. Ils produisent du vin bio nature, au coeur des terres d'Anjou.

"Le problème, ce n'est pas tellement les gelées, c'est qu'il a fait trop chaud. Les bourgeons sont sortis très tôt, dès février. Alors qu'il y a dix ans, les bourgeons sortaient en avril/mai", détaille Adeline.

Les vignerons ne pourront pas faire grand chose si le gel se poursuit encore plusieurs jours. Car la technique est efficace mais onéreuse, environ 3000 euros pour un hectare. "On n'en a pas assez. Une bougie brûle environ 8 heures mais le problème, c'est que le temps de tout allumer et de tout éteindre, ça grille au moins 3 heures de combustion", assure Adeline.

En six ans, les deux frères ont connu trois années de gel qui leur ont fait perdre entre 40% et 70% de leur production. Si le gel atteint une nouvelle fois les vignes cette année, ce sera la double peine pour le domaine, qui peine à écouler certaines cuvées haut-de-gamme, normalement destinée aux restaurants. Surtout, tout le territoire français est menacé par le gel, même dans le Sud, ce qui ne permettra pas d'acheter des raisins à d'autres vignobles.

"Dans cette période où la crise sanitaire a engendré des déficits et des difficultés importantes dans nos entreprises, voir arriver ces contraintes climatiques est une difficulté supplémentaire. Il faut faire face et la résilience dans nos vignobles est importante", assure à franceinfo Jean-Marie Fabre, président de la Confédération des vignerons indépendants de France.
https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech