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Le candidat Emmanuel Macron envisage de reporter l'âge de départ à la retraite à 65 ans

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Après l'abandon de la précédente réforme des retraites, le candidat Macron envisage un report progressif de l'âge de départ à la retraite de 62 à 65 ans entre 2023 et 2032.

"Il nous faudra travailler plus." Dans sa lettre d'annonce de candidature pour un second mandat, Emmanuel Macron a prévenu les Français. S'il ne compte pas toucher au temps de travail hebdomadaire, ni aux RTT, c'est à l'allongement de la durée d'activité que pense le chef de l'Etat. Autrement dit un report de l'âge légal de départ en retraite.

Alors que le chef de l'État songeait après l'abandon de la réforme des retraites de 2019 à reporter l'actuel âge de départ à 64 ans (contre 62 ans aujourd'hui), ce serait plutôt l'âge de 65 ans qui aurait ses faveurs.

"Une piste"

Selon une information des Echos, dans le programme du candidat Macron, il n'y aurait plus de traite par point ni d'âge pivot comme dans la précédente réforme mais simplement un report progressif de l'âge légal avec l'objectif d'atteindre les 65 ans à horizon 2032. Chaque génération devrait donc cotiser 4 mois de plus entre 2023 (année envisagée pour la réforme) et 2032, soit un total de 36 mois supplémentaires sur ces neuf ans. Ce qui ferait passer l'âge légal de 62 à 65 ans.

Dans l'entourage du candidat on confirme à BFMTV qu'il s'agit "d'une piste sur laquelle travaille le candidat" et que "le programme sera prochainement présenté."

En coulisses, un cadre de la majorité indique à BFMTV : "On était plusieurs à vouloir un âge pivot à 64 ans. Alexis Kohler (le secrétaire général de l'Elysée) poussait pour 65 ans". Ce très proche d'Emmanuel Macron depuis son passage à Bercy en 2014 est connu pour avoir l'oreille du président sur les sujets épineux. Notamment sur les sujets de réductions des dépenses publiques.

Des mesures compensatoires

Alors que la dette publique a atteint 116% du PIB fin 2021, le candidat envisage donc de s'attaquer au régime des retraites, le plus important poste de dépense publique, et qui devrait accuser un déficit d'environ 10 milliards d'euros par an jusqu'en 2030 selon le Conseil d'orientation des retraites (COR).

Un report à 65 ans permettrait de réaliser des économies de plus de 14 milliards d'euros, ce qui permettrait de financer des mesures de justice sociale. Cette mesure d'âge pourrait en effet être compensée par différentes mesures d'accompagnement comme la retraite minimum à 1000 euros et des dispositifs d'aménagement pour les carrières longues, les métiers pénibles.

"Il faut une réforme des retraites ambitieuse pour un modèle social qui tienne", a assuré le président de la République devant les parlementaires de la majorité ce mercredi soir.

"On saura qui décide"

Ce projet n'a pas tardé de faire réagir les autres candidats à l'élection présidentielle. Notamment Jean-Luc Mélenchon qui envisage lui au contraire un avancement de l'âge de départ à 60 ans.

"Dans un mois, on saura qui décide", a tweeté le candidat de la France Insoumise.

Marine Le Pen de son côté - qui a renoncé à son projet initial de départ à 60 ans pour tous - critique ce report envisagé.

"Avec lui, c’est toujours au peuple de se sacrifier, a tweeté la candidate du Rassemblement National. Moi, j’assume de permettre à ceux qui ont commencé
tôt de partir tôt à la retraite."

La candidate du RN propose un système progressif de départ à la retraite, en réservant la retraite à 60 ans avec 40 annuités aux Français entrés dans la vie active avant l’âge de 20 ans. Pour ceux qui commencent à travailler après l'âge de 20 ans et jusqu'à 24,5 ans, "un système progressif de 160 à 168 trimestres de cotisations sera mis en place", a-t-elle ajouté, pour un départ entre "60,75 et 62 ans."

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco