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La livre libanaise ne vaut plus rien et franchit le seuil record de 100.000 livres pour un dollar

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La livre libanaise a franchi mardi le seuil record de 100.000 pour un dollar sur les marchés parallèles. Le pays est englué dans une grave crise économique.

La livre libanaise a franchi le seuil record de 100.000 pour un dollar mardi sur le marché parallèle, ont rapporté mardi des bureaux de change dans ce pays englué dans une très grave crise économique et financière. Le taux de change officiel avait été fixé en février à 15.000 livres libanaises (LL) pour un dollar américain, contre 1507 au début de la crise sans précédent déclenchée en 2019.

Ce nouveau taux officiel de 15.000 LL pour un dollar reste ainsi plus de six fois inférieur à la valeur réelle de la livre sur le marché parallèle, où le billet vert s'échange désormais à 100.000 LL, selon des bureaux de change. Les banques ont repris mardi une grève illimitée qui avait débuté début février pour protester contre ce que l'Association des banques libanaises avait qualifié de mesures judiciaires "arbitraires" contre les créanciers.

Graves pénuries

Le Liban connaît l'une des pires crises économiques au monde depuis 1850 selon la Banque mondiale, marquée par une paupérisation inédite de la population et de graves pénuries. Début mars, les supermarchés libanais avaient commencé à afficher les prix en dollars américains, par décision des autorités face à la dépréciation rapide de la monnaie nationale. Auparavant, les supermarchés avaient cessé d'indiquer les prix des denrées alimentaires en livres à cause de la dégradation rapide de la devise libanaise.

Dans un pays qui importe 90% de ses marchandises, les restaurants et les magasins ont commencé eux il y a plusieurs mois à fixer leurs prix en dollars. Les prix des denrées alimentaires ont augmenté de façon spectaculaire depuis 2019. Selon la Banque mondiale, le taux d'inflation, le plus élevé au monde, a atteint 332% de janvier 2021 à juillet 2022.

La crise politique aggrave la situation et le pays est privé de président depuis le 1er novembre. Le Parlement, divisé, ne parvient pas à s'entendre sur un nouveau chef de l'Etat.

J. Br. avec AFP