L'inflation poursuit sa hausse dans la zone euro et frôle les 9% sur un an en juillet

Les perspectives de réduction de l'inflation ne sont toujours pas au rendez-vous pour la zone euro. D'après les chiffres d'Eurostat, les prix ont augmenté de 8,9% sur un an au mois de juillet. "Les perspectives d'inflation dans la zone euro ne se sont pas améliorées depuis la hausse des taux en juillet", déclare Isabel Schnabel, membre du
directoire de la Banque centrale européenne (BCE), auprès de Reuters.
Nouvelle hausse des taux directeurs à prévoir
En effet, l'institution monétaire de l'Union européenne avait relevé ses taux directeurs de 0,5% à la fin du mois de juillet pour tenter d'enrayer une inflation galopante, une première depuis plus d'une décennie. "Nous avons décidé d'augmenter les taux de 50 points de base parce que nous étions préoccupés par les perspectives d'inflation, explique Isabel Schnabel à l'agence de presse britannique. Les inquiétudes que nous avions en juillet n'ont pas été atténuées [...] Je ne pense pas que cette perspective ait fondamentalement changé."
Des propos qui viennent un peu plus renforcer la probabilité d'une seconde augmentation des taux directeurs à la rentrée, de 0,25% voire même de 0,5% à nouveau. Et pour cause, les marchés monétaires ont déjà adopté une posture en faveur de cette hypothèse au cours des dernières semaines. Ils ont ainsi revu à la hausse leurs anticipations de remontée des taux, de l'ordre de 0,55% en septembre pour une augmentation totale de 1,18% à la fin de l'exercice 2022.
L'énergie contribue toujours largement à cette inflation
Alors que l'inflation était déjà en hausse de 8,6% sur un an au mois de juin, rien ne permet d'envisager une inflexion de la courbe dans les prochains mois, notamment la flambée des prix de l'énergie. Cette dernière compte désormais pour 4,2 points de l'inflation au sein de la zone euro. "Je n'exclurais pas qu'à court terme l'inflation continue d'augmenter", estime Isabel Schnabel.
Ces pressions inflationnistes sont susceptibles d'être présentes pendant un certain temps, elles ne disparaîtront pas rapidement, ajoute la membre du directoire de la BCE. Il faudra du temps pour que l'inflation revienne à 2%."
"Aujourd'hui, si l’inflation euro reste de l’énergie, cela permettrait de monter ses taux jusqu’à un niveau neutre, expliquait sur l'antenne de BFM Business Samy Chaar, chef économiste au sein du groupe bancaire Lombard Odier. Le problème, c’est que si elle devient plus diffuse, la BCE pourrait devenir plus restrictive c’est-à-dire monter les taux pour appuyer sur le frein."
Un risque de récession à l'horizon
Les perspectives sont d'autant plus préoccupantes que cette situation inflationniste pourrait aboutir à une récession bien que des signes positifs émergent de l'autre côté de l'Atlantique. "On ne voit pas d’embellie en Europe mais un peu plus aux Etats-Unis, constate Samy Chaar. Des pièces du puzzle s’organisent: ralentissement de la demande, chaines de valeurs, coût du fret, réouverture de la Chine. Cela semble dire que le pire de l’inflation va être derrière.
"Ce qu’on ne voit pas c’est une faiblesse au niveau du marché de l’emploi, qui permettrait de s’assurer que l’inflation revienne autour de 2%. Les éléments mentionnés permettraient plutôt 3 et 4%."
Le chef économiste estime que les banques centrales ont finalement privilégié la lutte contre l'inflation au détriment de la croissance. "Il est fort probable qu’on est des épisodes récessifs et en Europe et aux Etats-Unis, on espère qu’ils ne seront pas trop sévères mais ils finiront par arriver."