L'Espagne et le Portugal sauvent l'Europe, l'Allemagne et l'Italie la plombent, la France résiste: le bilan de la croissance européenne sous l'ère Trump

La zone euro a enregistré au deuxième trimestre une faible croissance économique de +0,1%, un chiffre meilleur qu'attendu même si les tensions commerciales obscurcissent l'horizon. - Pexels
L'UE résiste pour le moment. Alors que les économies du Vieux continent subissent depuis le mois d'avril les assauts tarifaires de Donald Trump (à 10% depuis avril), la croissance a plutôt résisté au deuxième trimestre.
L'économie de la zone euro a augmenté de façon inattendue au deuxième trimestre, montre la première estimation du produit intérieur brut (PIB) publiée mercredi par Eurostat. Alors que les analystes de Bloomberg et Factset tablaient sur une stagnation.
Un chiffre correct voire inespéré mais qui recouvre des réalités bien disparates.
Les champions sont à chercher du côté de la Péninsule ibérique. Les deux pays qui étaient regardés de haut par l'Europe du nord au début des années 2010 et qui étaient même surnommés "les pays du Club Med" sont désormais les "sauveurs" de l'Europe.
L'Espagne d'abord qui a enregistré la plus forte croissance de l'UE sur le trimestre à 0,7%. En rythme annualisé, la croissance espagnole s'affiche en hausse de 2,8%.
Elle a été dopée par l'investissement des entreprises - qui a bondi de 2,1%, avec une forte hausse dans le secteur de la construction - et par la consommation des ménages, qui a progressé de 0,8%, après avoir déjà grimpé de 0,6% entre janvier et mars.
Le Portugal ensuite, juste derrière son voisin, qui avec 0,6% de croissance bénéficie lui aussi des exportations de biens et services et d'un rebond de la consommation des ménages.
Dans ce paysage, la France ne s'en sort finalement pas si mal que ça. Elle se situe plutôt en tête d'un peloton de poursuivant avec une croissance de 0,3% supérieure aux attentes.
Cela "montre bien, alors que les droits de douane s'appliquaient déjà, que (les entreprises) résistent à cette situation", a commenté le ministre français de l'Économie, Éric Lombard.
Il n'empêche qu'avec l'entrée en vigueur le 7 août prochain des droits de douane de 15%, des secteurs entiers comme les alcools ou la pharmacie pourraient bien plus souffrir sur la fin de l'année.
Certaines économies ont d'ailleurs bien plus souffert sur le trimestre. Si on met de côté l'Irlande qui est un cas à part avec un PIB artificiellement faussé par les stratégies fiscales des multinationales (son recul de 1% fait suite à un bond de 7,4% au premier trimestre), les cancres sont l'Allemagne et l'Italie.
Pour l'Allemagne, le recul de 0,1% est dû à la baisse des investissements, notamment dans la construction, malgré un rebond de la consommation des ménages jusqu'ici morose.
Italie et Allemagne très exposées
Les chiffres allemands rompent avec le rebond de croissance enregistré en début d'année (+0,3% selon un chiffre révisé mercredi).
Selon l'institut Capital Economics, "l'Allemagne devrait être plus durement touchée que les autres grandes économies par les droits de douane et continuer à éprouver des difficultés cette année, avant que les mesures de relance budgétaire ne commencent à stimuler l'économie en 2026".
Le dernier maillon faible de l'Europe sur le trimestre c'est l'Italie. Elle aussi a vu son PIB se contracter de 0,1% par rapport au premier trimestre.
L'agence nationale italienne des statistiques ISTAT a noté que la contraction était due à un ralentissement de la valeur ajoutée de l'agriculture, de la sylviculture et de la pêche, ainsi que de l'industrie, tandis que le secteur des services est resté globalement stable.
Surtout les exportations nettes ont pesé négativement sur la production totale. L'Italie est un des pays d'Europe qui exportent le plus vers les États-Unis (67,3 milliards d'euros en 2023) et qui enregistre un très important excédent commercial de plus de 25 milliards.
Les boissons (39%), les véhicules automobiles (30,7%) et les produits pharmaceutiques (30,7%) sont très dépendants du marché américain. La fin d'année risque d'être très difficile pour le "made in Italia" sous l'ère Trump.
