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"Je ne cherche pas la vengeance": Carlos Ghosn réclame une "petite compensation" d’un milliard de dollars

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Visé par deux mandats d'arrêt en France et un au Japon, Carlos Ghosn s'est exprimé mardi depuis le Liban, où il est toujours en fuite. S'estimant victime de fausses accusations, il réclame un milliard de dollars à Nissan.

"Nissan m’a causé beaucoup de dégâts irréparables", a déclaré Carlos Ghosn à distance ce mardi lors d’une conférence de presse du Club des correspondants étrangers du Japon à Tokyo. L'ex-PDG de Renault-Nissan s'estime victime de fausses accusations de la part du constructeur automobile japonais et réclame une "petite compensation" d’un milliard de dollars.

Toujours en fuite au Liban après son arrestation en 2018, le magnat déchu de l’automobile est depuis visé par trois mandats d’arrêt internationaux -deux en France et un au Japon- dans le cadre des investigations notamment pour abus de biens sociaux et blanchiment en bande organisée en lien avec le distributeur omanais Suhail Bahwan Automobiles (SBA).

"Je ne cherche pas la vengeance"

Carlos Ghosn en a donc profité pour délivrer sa version des faits en détaillant les raisons de son arrestation. "J'ai été arrêté sous le seul chef d'accusation de ne pas avoir déclaré une indemnité qui n'a été ni payée ni décidée", justifie-t-il. D’après lui, le procureur japonais en charge de l’affaire lui aurait dit: "il vaut mieux avouer maintenant pour limiter les dégâts ou bien nous allons chercher partout et nous en prendre à votre famille, votre femme, vos enfants…".

À ce jour, les traces de cet échange n’ont pas pu être confirmées mais Carlos Ghosn assure que tout est enregistré et seul le procureur en question en aurait possession. Ce dernier aurait d’ailleurs sciemment décidé de ne pas les divulguer publiquement.

"Je ne cherche pas la vengeance, je veux juste que les criminels ne dorment pas sur leurs deux oreilles après ce qu’ils ont fait", a-t-il poursuivi.

Carlos Ghosn dénonce à nouveau une collusion entre Nissan et la justice japonaise, en décrivant que "le meilleur moyen trouvé a été de se débarrasser de la tête du groupe" afin que Renault-Nissan puisse "récupérer sa liberté".

S’estimant lésé, il a lancé en juin dernier une action en justice au Liban pour réclamer 588 millions de dollars de rémunération perdue et 500 millions de dollars supplémentaires en dommages moraux.

Lors de ce même échange, Nobuo Gohara, ancien procureur et avocat ayant représenté Carlos Ghosn, a précisé que la décision de son client de fuir le Japon était inévitable, qualifiant d'"injuste" la manière dont le bureau spécial des procureurs s’est emparé de l’affaire. "Depuis mon arrestation, j'étais déjà dans l'état d'esprit de m'échapper", a complété Carlos Ghosn. Le système japonais de "justice des otages" qu'il décrit conforterait aujourd'hui son souhait de ne pas revenir dans le pays.

Pierre Berthoux