"Un mauvais accord mais la moins mauvaise des solutions": pour Eric Lombard, la France peut encore s'en sortir après le "deal" avec Trump

Le ministre de l'Economie, Eric Lombard, à l'Assemblée nationale, le 10 juin 2025 à Paris - GEOFFROY VAN DER HASSELT © 2019 AFP
Peut mieux faire encore. L'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les États-Unis n'est "pas complet" et "le travail continue", a déclaré lundi 28 juillet le ministre français de l'Economie Éric Lombard, ajoutant que "nous veillerons à ce qu'il soit amélioré".
"Cet accord n'est pas complet. Il y a une base, c'est 15%, et des exemptions qui ne sont pas encore toutes détaillées", a déclaré Éric Lombard dans un entretien au quotidien Libération, publié sur le site du journal lundi soir. "Le travail continue" car "l'accord n'est pas finalisé et nous veillerons à ce qu'il soit amélioré".
Du côté des exemptions, "c'est certain pour l'aéronautique et les pièces détachées de cette industrie", ajoute-t-il.
"Les discussions doivent se poursuivre pour les produits pharmaceutiques - on comprend que certains génériques seront exemptés -, sur l'acier, sur l'aluminium, sur les produits chimiques, sur les semi-conducteurs et sur les vins et les produits agricoles".
Pour les spiritueux, le ministre reste au conditionnel. Le ministre français délégué au Commerce extérieur Laurent Saint-Martin a, lui, d'ores et déjà cité ces biens parmi les exemptions prévues dans l'accord et la Fédération des exportateurs de Vins et Spiritueux (FEVS) veut elle aussi croire que l'affaire est entendue. Or, rien n'était encore arrêté lundi soir, les discussions se poursuivent.
Mettre fin à la dépendance au gaz russe
Interrogé sur l'autre volet de l'accord, à savoir les 750 milliards de dollars d'achat d'énergie et les 600 milliards d'investissements aux États-Unis, Éric Lombard répond que "l'Europe veut mettre fin à toute dépendance au gaz russe, qui fournit encore 20% du GNL (gaz naturel liquéfié). L'essentiel des 750 milliards vise à cette stratégie de désensibilisation".
Quant aux 600 milliards de dollars d'investissement, "c'est une estimation des flux d'investissements attendus jusqu'à 2029 provenant des entreprises européennes" mais "c'est une décision qui appartient aux acteurs privés".
La "moins mauvaise des solutions"
Le ministre estime que l'accord conclu est la "moins mauvaise des solutions" et que la priorité était de "mettre fin à une incertitude qui pénalise notre économie".
Face à l'"offensive" des États-Unis, "l"Europe n'avait le choix qu'entre de mauvaises solutions. C'est un mauvais accord mais la moins mauvaise des solutions."
Quant aux répercussions des droits de douane, "les premières estimations établissent un impact modeste sur notre économie", indique le ministre. "A plus long terme, c'est par ricochet la moindre croissance américaine qui peut nous affecter", dit-il.
Alors que les États-Unis voulaient "remettre en cause nos règles", "ensemble nous avons pu circonscrire le débat aux droits de douane puis discuter de leur niveau, jusqu'au moment où il est apparu clairement que la base qui permettrait d'avoir un accord était d'accepter des droits de 15% avec des exceptions sectorielles", détaille-t-il.
Selon Éric Lombard, "tout bien pesé, cet accord est celui qui aura le moins d'effet négatif sur notre économie."
0,7% de croissance en 2025
Confirmant l'annonce "à la rentrée" d'une révision de la prévision de croissance 2025, il souligne que "nous verrons si l'impact négatif de la hausse des droits de douane est compensé par l'impact positif de la levée de l'incertitude". Actuellement la prévision du gouvernement pour 2025 est 0,7%.
"Nous avons basculé dans un monde de prédateurs économiques", estime Éric Lombard. Et à ses yeux, la concurrence chinoise sur les produits industriels est "encore plus préoccupante que l'attitude américaine".