"Un échange de devises à 20 milliards de dollars": Donald Trump vole au secours de Javier Milei alors que l'Argentine "traverse une grave crise de liquidité"

Javier Milei (à gauche) et Donald Trump. - LUIS ROBAYO / AFP
Le gouvernement américain a annoncé jeudi 9 octobre qu'il avait acheté des pesos argentins et "finalisé" un accord pour un échange de devises avec la banque centrale du pays sud-américain, pour soutenir la monnaie et le président Javier Milei, allié de Donald Trump.
"Aujourd'hui, nous avons acheté directement des pesos argentins. De plus, nous avons finalisé un accord d'échange de devises d'un montant de 20 milliards de dollars avec la banque centrale argentine", a fait savoir sur X le ministre des Finances Scott Bessent, ajoutant que son gouvernement était "déterminé à soutenir les alliés des Etats-Unis".
"L'Argentine traverse une grave crise de liquidité", a aussi écrit le secrétaire au Trésor. Il n'a pas précisé le montant des pesos qui ont été achetés jeudi.
Il s'agit d'une décision très inhabituelle. Ce n'est que la quatrième fois que les États-Unis interviennent sur le marché des changes depuis 1996, la dernière étant en 2011 pour vendre du yen après le tremblement de terre au Japon, selon la Réserve fédérale. Le peso est sous pression depuis le mois dernier et la défaite électorale de Javier Milei.
Les investisseurs ont commencé à douter de la viabilité de sa politique de peso fort pour éteindre l'inflation. En conséquence, la monnaie argentine s'est dépréciée et le Trésor a visiblement épuisé depuis une bonne partie de ses réserves en tentant de la soutenir.
L'impact de l'aide américaine sur la valeur de la devise restait incertain jeudi soir, les cours n'étant pas actualisés en temps réel. Javier Milei n'a cependant pas tardé à remercier, sur X, son homologue américain et allié idéologique Donald Trump pour "sa vision et son leadership". L'annonce fait suite à quatre jours de réunions que Scott Bessent a qualifiées d'"intensives", à Washington, avec des responsables argentins, dont son homologue Luis Caputo.
Risque de reprise de l'inflation
Le président américain Donald Trump s'était engagé le 23 septembre à "aider" l'Argentine, tout en estimant que le pays n'avait "pas besoin d'un plan de sauvetage" et en saluant le "travail fantastique" du chef d'Etat ultralibéral. Javier Milei est confronté à des marchés nerveux et une monnaie sous pression, avant des législatives de mi-mandat programmées le 26 octobre.
Les marchés financiers s'inquiètent à fois pour les réserves de change de la troisième économie d'Amérique latine et pour la poursuite à terme du cap économique d'austérité de M. Milei. Les pressions sur le peso affectent directement le quotidien des Argentins, qui par manque de confiance envers leur monnaie économisent le plus souvent en dollars.
Elles comportent un risque de répercussion sur l'inflation, menaçant sa décélération en cours depuis un an (19,5% sur sept mois depuis janvier, contre 87% sur la même période en 2024) qui constitue le succès majeur à ce jour du gouvernement Milei, malgré un fort coût social et une reprise de la croissance économique qui tarde à s'ancrer.
Le gouvernement argentin souhaitait maintenir le cours de la monnaie nationale dans une fourchette afin de se concentrer sur la réduction de l'inflation, avec l'accord du Fonds monétaire international (FMI), qui a enchaîné les programmes d'aide en faveur du pays sud-américain ces dernières années.