Donald Trump vole au secours de Javier Milei: les États-Unis préparent une bouée financière pour l’Argentine après la chute brutale du peso

"Les États-Unis sont prêts à soutenir l’Argentine, quoi qu’il en coûte." C'est avec cette formule, largement inspirée du "whatever it takes" de Mario Draghi, que le secrétaire au Trésor américain Scott Bessent a annoncé que les États-Unis sont prêts à aider financièrement l'Argentine.
"Toutes les options de stabilisation sont sur la table", a expliqué Scott Bessent sur X.
Selon le secrétaire au Trésor, "ces options peuvent inclure, sans s'y limiter, des lignes de swap, des achats directs de devises et des achats de dette publique libellée en dollars américains auprès du Fonds de stabilisation des changes du Trésor".
Il s’agit d’une véritable bouée financière pour l'Argentine, qui vient s'ajouter aux 42 milliards de dollars de prêts déjà approuvés au printemps dernier par les institutions financières internationales (20 milliards de dollars auprès du FMI, 12 milliards de dollars auprès de la Banque Mondiale, 10 milliards de dollars auprès de la Banque interaméricaine de développement) pour reconstituer les réserves de change du pays et stabiliser la devise.
Cette annonce de Washington a immédiatement obtenu l'effet escompté: après plusieurs semines de panique généralisée sur les actifs argentins, les marchés ont rebondi.
Fortes turbulences en Argentine
Une "panique politique", selon les mots de Javier Milei, s'est en effet emparée des marchés argentins ces dernières semaines. Les obligations en dollars avaient perdu une part importante de leur valeur, affectées par la nervosité des investisseurs. La devise nationale, le peso, a elle aussi enregistré une chute brutale, poussant la Banque centrale à brûler 1,1 milliard de dollars de ses réserves en seulement trois jours pour défendre le taux de change. Autant de signaux d’alarme qui ont alerté Washington sur les risques financiers.
Ces tensions économiques s’inscrivent dans un contexte de fragilitié politique: le président Milei est affaibli par un scandale de corruption au sein de son cercle proche et par une défaite électorale cuisante aux élections locales de Buenos Aires.
Ce revers électoral risque de mettre un coup d’arrêt à la mise en œuvre de l'ambitieux programme économique ultra-libéral du président Milei, symbolisé par la célèbre tronçonneuse, qui prévoit des coupes budgétaires drastiques.
Au-delà des slogans, Javier Milei a-t-il encore la force politique pour mener ses politiques et redresser le pays, tout en étant affaibli? C'est desormais la question que se posent les investisseurs, avant la prochaine échéance électorale, celle des élections de mi-mandat prévues à la fin du mois d’octobre.
Un enjeu crucial pour Donald Trump
Pour le président américain, la situation argentine ne se résume pas à une simple question de solidarité économique. Sur le plan politique d'abord, Donald Trump ne peut pas se permettre de perdre un autre allié précieux sur le continent, après la chute du président brésilien Jair Bolsonaro. Une fragilisation de Javier Milei et de l'Argentine signifierait un affaiblissement de l’influence américaine sur le continent, au profit potentiel de la Chine ou d’autres acteurs.
Sur le plan économique ensuite, l’Argentine représente pour les États-Unis un "allié systémique", pour reprendre les mots de Scott Bessent. Avec son rôle de géant agricole, exportateur majeur de céréales et de viande, et de producteur de pétrole brut, Buenos Aires demeure un partenaire crucial pour les États-Unis.