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Sa valeur a doublé en cinq ans: l'once d'or franchit la barre des 4.000 dollars, une première historique

Un employé grave des inscriptions sur des lingots d'or, le 6 avril 2009, dans l'usine d'Argor-Heraeus SA, société de raffinage et de fabrication de lingots d'or, à Mendrisio, dans le sud de la Suisse.

Un employé grave des inscriptions sur des lingots d'or, le 6 avril 2009, dans l'usine d'Argor-Heraeus SA, société de raffinage et de fabrication de lingots d'or, à Mendrisio, dans le sud de la Suisse. - AFP

L'once d'or a franchi le cap des 4.000 dollars, une valeur qui a doublé depuis 2020 et qui a déjà augmenté de 40% en 2025, une hausse liée aux tensions géopolitiques et les incertitudes de la politique menée par Donald Trump.

C'est une première. L'or a dépassé mercredi la barre symbolique des 4.000 dollars l'once, seuil improbable il y a encore un an, porté par les tensions en Ukraine et au Proche-Orient et tout particulièrement par le retour au pouvoir de Donald Trump.

Pourquoi se tourner vers l'or ?

Convoité pour son utilisation dans la joaillerie, l'industrie ou comme actif de réserve, l'or incarne depuis toujours la "valeur refuge" par excellence car il conserve sa valeur intrinsèque, bien qu'il ne rapporte pas d'intérêts.

Les investisseurs se tournent vers lui pour se protéger contre le risque de perdre de l'argent quand ils anticipent des perspectives moroses.

La barre des 2.000 dollars l'once a ainsi été franchie pour la première fois en août 2020, au moment de la pandémie de Covid-19.

Le métal a ensuite fluctué autour de cette valeur jusqu'en 2024 où son cours a subitement explosé: il a passé les 2.500 dollars en août 2024, puis les 3.000 dollars en mars dernier, avant les 3.500 dollars en septembre.

Il a, enfin, franchi les 4.000 dollars ce mercredi dans les échanges asiatiques.

"Les chiffres parlent d'eux-mêmes: l'or a déjà augmenté de plus de 40% en 2025 et se dirige vers une troisième année consécutive de gains à deux chiffres", relève Stephen Innes, de la société de gestion SPI Asset Management.

Quel rôle joue Donald Trump dans cette flambée?

L'imprévisibilité des décisions du président américain depuis son retour au pouvoir en janvier a eu un impact considérable, à commencer par sa politique commerciale et les menaces de droits de douane, notamment contre l'Union européenne et la Chine, qui ont chamboulé l'économie mondiale.

L'or a également été porté par les pressions de Donald Trump sur la Réserve fédérale (Fed), la banque centrale américaine, pour qu'elle abaisse ses taux, faisant peser un doute sur son indépendance.

Autant d'éléments qui affaiblissent le dollar - une autre valeur refuge traditionnelle -, alimentent le risque d'inflation et incitent à se tourner vers l'or.

Le blocage budgétaire ("shutdown") actuel aux États-Unis constitue un dernier coup de fouet au métal jaune. La crise politique en France, deuxième économie européenne, exacerbe également le climat d'incertitude.

Morning Briefing : L'or touche les 4 000 dollars - 08/10
Morning Briefing : L'or touche les 4 000 dollars - 08/10
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Qu'en est-il des conflits en Ukraine et au Proche-Orient?

La ruée vers l'or a en toile de fond été alimentée ces derniers mois par les craintes continues liées à la guerre en Ukraine, débutée en février 2022, et à la situation au Proche-Orient depuis le 7 octobre 2023.

Après l'invasion lancée par Moscou début 2022, les réserves de change de la banque centrale russe détenues à l'étranger ont été gelées, faisant gonfler les cours de l'or.

La guerre en Ukraine a aussi renforcé l'engouement des banques centrales pour le précieux métal: elles remplissent leurs coffres de lingots afin de se couvrir en cas de coup dur, stabiliser leur devise, ou encore comme garantie pour des prêts et des transactions.

Y a-t-il d'autres raisons?

La progression de l'or se produit sur des marchés globalement en hausse: les Bourses progressent, avec des valorisations élevées, et du côté des cryptomonnaies, le bitcoin a battu ce week-end un nouveau record.

"Il semble y avoir beaucoup de liquidités disponibles" de la part des investisseurs qui "continuent de rechercher la diversification", souligne Chris Beauchamp, analyste chez IG.

L'or apparaît ces temps-ci comme un meilleur instrument de diversification que les achats de dette publique des États, devenus plus risqués. Dans ce contexte, "les investisseurs mondiaux se retrouvent confrontés à une insoutenable 'peur de rater quelques chose' (en anglais "Fomo", ou "fear of missing out")", souligne Ipek Ozkardeskaya, analyste principale chez Swissquote Bank.

HC avec AFP