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Russie, Iran, Hezbollah: ces alliés qui font défaut à Bachar al-Assad

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LE MONDE QUI BOUGE. L’ONU appelle à une "cessation immédiate des hostilités" en Syrie. Pendant ce temps, Bachar al-Assad ne sait plus vraiment vers qui se tourner.

Une offensive éclair et un revers cinglant pour le pouvoir syrien. Le front était figé depuis cinq ans et voilà qu’en quelques heures une coalition rebelle a fait tomber Alep, la deuxième ville de Syrie qui est aussi son poumon économique.

Ceux sont les jihadistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) qui mènent les opérations. Un groupe qui a rompu ses liens avec Al-Qaeda et qui a aujourd’hui pour ambition de libérer le peuple syrien.

Cette percée spectaculaire suscite de nombreuses interrogations. À commencer par celle-ci: que fait la Russie? Moscou, soutien de poids de Damas, a joué un rôle décisif lors de la guerre civile. Les forces russes ont bien mené des frappes dimanche contre les rebelles à Alep et dans la province d’Idlib mais pas de quoi inverser le cours de leur action.

Caroline Loyer : Les alliés au secours de Bachar al-Assad - 03/12
Caroline Loyer : Les alliés au secours de Bachar al-Assad - 03/12
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L’explication se résume au contexte actuel. La Russie est empêtrée sur deux fronts, en Ukraine et sur son propre territoire. Difficile de venir efficacement à la rescousse de son allié lorsque ses moyens sont concentrés ailleurs. Le nombre d’avions de chasse russe, qui avaient permis la reconquête de nombreux territoires par l’armée syrienne, a d’ailleurs drastiquement diminué. Ils seraient passés de 40 à 10, selon les spécialistes.

Et le ton de cet allié sous pression a aussi bien changé. Bachar al-Assad se serait rendu à Moscou le week-end dernier. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a demandé à son régime de "rétablir l’ordre le plus vite possible" sans annoncer une intervention d’ampleur de Moscou, comme cela a été fait par le passé.

Des alliés affaiblis

Les rebelles ont aussi profité de l’affaiblissement de l’Iran et du Hezbollah, autres soutiens de Damas, qui ne sont plus ce qu’ils étaient il y a encore quelques mois. Leurs hommes et équipements ont été massivement bombardés par l’armée israélienne en Syrie. Tout cela a créé une brèche dans laquelle se sont engouffrés les rebelles.

Jake Sullivan, conseiller américain à la sécurité nationale est même presqu’aujourd’hui fataliste.

"La Russie, l’Iran, le Hezbollah ont été distraits et affaiblis par d’autres conflits (…) et il n’est donc pas surprenant de voir d’autres acteurs essayer d’en tirer profit".

Et dans ce conflit, déjà bien complexe, il y a justement un autre acteur qui semble vouloir peser, c’est Pékin. "La Chine est profondément préoccupée par la situation dans le nord-ouest de la Syrie. En tant que pays ami de la Syrie, la Chine est prête à contribuer positivement pour empêcher la détérioration de la situation en Syrie", a déclaré Lin Jian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Pékin a considérablement renforcé ses liens avec Damas ces dernières années. En 2023, Xi Jinping et Bachar al-Assad avaient annoncé un "partenariat stratégique" lors de leur rencontre. Mais comment et dans quelle mesure la Chine contribuera-t-elle? On l’ignore encore.

Ce qui est sûr, c’est que Bachar al-Assad est plus isolé que jamais. Dernier revirement: les présidents russe et iranien ont souligné l’importance de se coordonner avec la Turquie.

Quand on sait qu’Erdogan est l’ennemi juré du dirigeant syrien et qu’Ankara soutient des milices rebelles, cela parait délicat. Mais Bachar al-Assad va devoir faire des choix car c’est bien sa survie qui en est jeu.

Caroline Loyer