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Reconnaissance de la Palestine: un changement diplomatique symbolique, loin de la réalité du terrain

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LE MONDE QUI BOUGE. La France et quatre autres pays s’apprêtent à reconnaître officiellement l’État de Palestine lors de l’Assemblée générale des Nations Unies. Le Royaume-Uni et le Canada ont franchi ce pas dès hier. Un mouvement diplomatique fort, certes symbolique, mais qui contraste avec la réalité du terrain.

C'est une journée diplomatique historique que vivra l'ONU ce lundi 22 septembre… mais aussi une journée paradoxale: alors que 10 pays, dont la France, vont reconnaître l'État palestinien, les perspectives d'une solution à deux États n'ont jamais semblé aussi éloignées.

En Israël, le gouvernement, ancré très à droite et résolument radical, rejette toute idée de solution à deux États, privilégiant au contraire une politique d’annexion des territoires palestiniens.

À Gaza, le Hamas maintient sa domination tandis qu’en Cisjordanie, l’Autorité palestinienne —pourtant considérée comme un interlocuteur plus fiable— reste très impopulaire. Le président Mahmoud Abbas, attendu en visioconférence à l’Assemblée générale de l’ONU, est fragilisé par son refus d’organiser des élections et son incapacité à peser face à Israël.

Pourtant la vague de reconnaissances représente un véritable élan diplomatique. Trois pays du G7, dont deux membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, viennent renforcer le camp des États qui reconnaissent désormais la Palestine. Au total, 152 pays membres des Nations Unies acceptent désormais l'existence d'un État palestinien.

Au 22 septembre 2025, 152 pays membres de l'Onu reconnaissent officiellement l'Etat palestinien.
Au 22 septembre 2025, 152 pays membres de l'Onu reconnaissent officiellement l'Etat palestinien. © BFM Business

Les États-Unis isolés

Il y a toutefois un grand absent: les Etats-Unis. Pour Washington, ces reconnaissances de la part des alliés occidentaux ne sont rien d'autre qu'un geste "pour la galerie", qui détournerait d’une "diplomatie sérieuse", d'après le secrétariat d'Etat américain.

Fidèles alliés d’Israël, les États-Unis soutiennent Tel Aviv coûte que coûte, quitte à s'isoler sur la scène internationale sur ce thème. Dernier exemple en date: jeudi dernier, les Américains ont décidé d'utiliser leur droit de veto à l'ONU pour bloquer une proposition de cessez-le-feu, approuvée pourtant par 14 membres du Conseil de sécurité sur 15.

Annalisa Cappellini : La reconnaissance de la Palestine s'accélère - 22/09
Annalisa Cappellini : La reconnaissance de la Palestine s'accélère - 22/09
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Pour l'instant, malgré le consensus qui est en train de se créer progressivement sur la question palestinienne, Washington persiste à se tenir à l’écart.

Un État sans territoire

La question centrale demeure l’existence même d’un territoire palestinien viable. Selon l’ONU, les territoires palestiniens comprennent Jérusalem-Est, la Cisjordanie et la bande de Gaza.

Mais dans les faits, Gaza est dévastée par les opérations militaires israéliennes et Jérusalem-Est est annexée de facto par Israël. Quant à la Cisjordanie, elle ressemble de plus en plus à un ensemble de poches palestiniennes entrecoupées par la présence d'environ 700.000 colons israéliens.

Une existence extrêmement fragile du point de vue territorial, comme l'a résumé il y a quelques mois le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich: "l'État palestinien est en train d'être effacé de la table des négociations, non pas par des slogans, mais par des actes".

Annalisa Cappellini