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Quels sont les "shutdown" les plus marquants de l'histoire des Etats-Unis?

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Depuis 1976, la première puissance économique du monde a fait face à 22 paralysies de ses activités gouvernementales. Certains blocages ont marqué l'histoire du pays.

Comme un air de déjà-vu. Dans les prochaines heures, les Etats-Unis pourraient faire face à une paralysie des activités gouvernementales après que la Chambre des représentants a rejeté le plan budgétaire proposé sans concertation par les républicains. Si aucun compromis n'était trouvé entre les deux camps d'ici ce vendredi minuit, la première puissance économique pourrait faire face au 23e "shutdown" de son histoire.

Alors que plus de 800.000 fonctionnaires pourraient être mis au chômage technique et que des centaines d'employés fédéraux seraient obligés de travailler sans toucher de salaire, BFM Business retrace les raisons et les conséquences des "shutdown" les plus marquants de l'histoire des Etats-Unis.

1976 : Le tout premier "shutdown" de l'histoire du pays

En 1974, une loi fédérale est adoptée afin de renforcer le contrôle du Congrès sur le budget américain. Cette réforme tente de répondre à la dégradation des finances publiques causée par la guerre au Vietnam et aux attaques du président Nixon envers des plans sociaux votées par le Congrès.

Le 30 septembre 1976, le pays est ainsi mis à l'arrêt pour la première fois. Le président républicain, Gérald Ford vient de poser son veto contre une allocation de 56 milliards de dollars aux départements du Travail, de la Santé et des Services sociaux, adoptée par un parlement à majorité démocrate. Si le Congrès s'affranchit du véto le 1er octobre, il faudra attendre le 11 octobre pour que les deux camps s'accordent sur un texte budgétaire global. Des économies dans d'autres ministères sont mises en place afin de ne pas aggraver le déficit.

1977 : "The Abortion Shutdown"

Un shutdown en trois actes. Le pays est respectivement mis à l'arrêt trois fois entre septembre et décembre 1977. La raison de la discorde: l'utilisation de fonds du programme Medicaid (dispositif couvrant les frais médicaux des personnes aux revenus et ressources limités) pour payer les avortements en cas de viol ou d'inceste. Le Sénat y est favorable. La Chambre des représentants, pourtant à majorité démocrate, s'oppose à l'assouplissement de cette législation, jusqu'alors réservée aux femmes enceintes dont la vie est en danger.

Après un premier arrêt de 14 jours, un accord temporaire est trouvé afin de poursuivre les négociations dans un climat moins délétère. Les discussions s'enlisent pourtant. Deux autres "shutdown" de dix jours sont nécessaires pour que le Congrès accepte finalement de donner raison aux sénateurs. La question de l'avortement sera de nouveau au centre de trois autres mises à l'arrêt en 1978, 1979 et 1983.

1983 : L'un des huit shutdown sous Reagan

Il a été le président qui a connu le plus de shutdown. S'ils n'ont jamais duré plus de cinq jours, Ronald Reagan a dû faire face à 8 mises à l'arrêt de son pays. En 1983, la Chambre des représentants, à majorité démocrate, choisit d'augmenter les dépenses d'éducation tout en réduisant l'aide internationale et les dépenses de défense.

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Les démocrates acceptent finalement de réduire leurs prétentions de dépenses en faveur de l'enseignement (de 1 milliard à 100 millions) mais obtiennent une baisse de l'aide octroyée aux autres pays (sauf pour Israël) et les frais de défense. Le budget revient également sur l'assouplissement de l'utilisation des fonds du Medicaid pour payer les avortements.

1995-1996 : La bataille des chiffres

Alors que le Congrès doit s'accorder sur plan budgétaire étalé sur sept ans, le Grand Old party et la Maison Blanche du président Bill Clinton diffèrent sur le choix des prévisions économiques. Les démocrates désirent s'appuyer sur des estimations plus optimistes que celles défendues par les conservateurs. Après un premier accord temporaire, la crise reprend. Les républicains finissent par céder après 21 jours d'interruption des activités gouvernementales.

Le coût de ce shutdown, deuxième plus long de l'histoire, est estimé à 1,4 milliard de dollars. Bill Clinton ressort gagnant de cet épisode, l'opinion publique ayant imputé le blocage au Grand Old Party. Le démocrate sera réélu en 1996.

2013 : L'Obama Care en ligne de mire

Près de trois ans après le vote de l'ObamaCare, la grande réforme de l'assurance maladie américaine doit entrer en vigueur le 1er octobre 2013, durant le deuxième mandat de Barack Obama. Les républicains, très hostiles envers ce dispositif, entendent bien profiter de leur majorité à la Chambre des représentants pour le détricoter, voire le supprimer. Après 16 jours de conflits, le Grand Old Party capitule finalement.

Selon l'agence de notation Standard and Poor's, le "shutdown" a amputé le PIB américain de 0,6% au quatrième trimestre. Soit 24 milliards de dollars. La Maison Blanche estime quant à elle que 120.000 emplois n'ont pas été créés en raison de cette situation.

2018-2019 : le plus long blocage de l'histoire

Avec une durée d'un mois et trois jours, à cheval entre 2018 et 2019, il est devenu le plus long "shutdown" de l'histoire des États-Unis. L'objet du litige: la création d'un mur anti-migrants à la frontière avec le Mexique, pour un montant 5,7 milliards d'euros. Réclamé par l'administration républicaine, le président Donald Trump finit par céder afin de sortir de l'impasse budgétaire.

Le coût de cette paralysie est estimé à environ 11 milliards de dollars par le Congressional Budget Office. Soit un montant près de deux fois supérieur à celui demandé pour la création du mur.

Théodore Laurent