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Poutine: 25 ans de revanche sur l'Occident

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Il y a 25 ans, Vladimir Poutine prenait les rênes de la Russie. Un quart de siècle de revanche sur l’Occident.

Le 31 décembre 1999, Boris Eltsine se retire. La Russie entre dans le nouveau millénaire avec un nouveau président: Vladimir Poutine. C’est le début de l’ascension de cet ex-officier du KGB.

Un ancien espion qui n’a jamais digéré l'éclatement de l'Union soviétique qu’il qualifie de "plus grand désastre du XXe siècle". C’est ce qui nourrit son envie de revanche, mais il ne la dévoile pas tout de suite.

Après le 11 septembre, l’histoire dit qu’il est le premier à appeler Georges W. Bush. Il n’hésite pas alors à unir sa voix à celle de l'OTAN pour reconnaître aux États-Unis leur droit de répliquer. Il rencontre régulièrement les leaders du monde entier. Les relations sont cordiales, mais en coulisses il se sent humilié, pris de haut.

"Poutine faisait seulement semblant d'adhérer aux principes démocratiques. Il est resté un agent du KGB à l'intérieur (...) pour qui la vie et les droits de l'homme ne valent rien".
Caroline Loyer : Poutine, 25 ans de revanche sur l'Occident - 31/12
Caroline Loyer : Poutine, 25 ans de revanche sur l'Occident - 31/12
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C’est ce qu’affirme Mikhaïl Kasyanov, son Premier ministre de 2000 à 2004, aujourd’hui exilé en Europe. De la Tchétchénie à l’Ukraine en passant par la Syrie, Vladimir Poutine n’éprouve aucune aversion pour la violence lorsqu’il s’agit de renforcer, voire d’étendre son influence.

Façonné par le KGB

Au-delà de la brutalité, le dirigent utilise d’autres méthodes apprises au KGB. Même si on dit de lui qu’il était un agent secret médiocre, ses années passées aux services de renseignement lui ont appris bien des choses.

La manipulation de l'information, la propagande : le Kremlin a orchestré plusieurs campagnes de désinformation sur les réseaux sociaux pour influencer les opinions publiques occidentales comme lors de la présidentielle américaine de 2016 ou du Brexit.

Pour affaiblir les démocraties européennes, Moscou a soutenu financièrement des partis populistes, extrémistes ou eurosceptiques comme le RN, alors Front National.

Et cela continue notamment dans le Caucase. En Géorgie, un président pro-russe qui vient de prêter serment malgré la contestation populaire. Poutine ne veut pas que l’ex-république soviétique rejoigne l’Union Européenne. Il en est de même pour la Moldavie. Le président russe se bat pour maintenir son influence en Europe centrale et de l’Est en prenant soin de ses soutiens comme Viktor Orban ou Alexandre Loukachenko.

Au-delà de l'Europe

Et ce n’est pas seulement en Europe que Poutine prend sa revanche sur l’occident. Wagner en est l’illustration. La milice russe a été créée après la révolution de Maïdan, en Ukraine il y a 10 ans, pour appuyer les séparatistes pro-russes dans le Donbass. Une fois son efficacité démontrée, elle a étendu son champ d'opérations au Moyen-Orient et surtout en Afrique.

Wagner, devenu Africa Corps, est un « agent d’influence » du Kremlin. Le groupe fonctionne comme une holding multisectorielle opérant dans trois domaines stratégiques - la défense, l’économie et la politique.

Une nébuleuse très difficile à combattre pour l’Occident et qui continue d’étendre son influence aux dépens de celle de la France, mais et d’autres anciennes puissances coloniales.

Vladimir Poutine, ce n’est plus à démontrer, est un stratège, un tacticien qui identifie les faiblesses de ses adversaires bien avant de les exploiter disent ses biographes.

Pour Jack Barsky, ancien espion russe "le passé de Poutine au KGB nous en dit long sur sa façon de penser". Selon lui, la "chose la plus importante" que cette expérience lui a enseignée, c'est de "mentir". Ce qui le rend particulièrement insaisissable.

Caroline Loyer