Pourquoi la mer Noire est un enjeu commercial majeur pour les céréales de la Russie

La Russie a accepté une trêve avec l'Ukraine en mer Noire, mais Moscou exige la levée des sanctions occidentales avant de donner son feu vert. Pour la Russie, premier exportateur mondial de céréales, la mer Noire est un axe commercial majeur, qui lui permet d’acheminer sa production vers l’Afrique et le Moyen-Orient.
Pendant les premiers mois du conflit, Kiev et Moscou s’étaient accordées pour créer un corridor maritime qui permettait aux deux pays de maintenir une activité économique dans la zone, mais cet accord a pris fin à l'été 2023, lorsque la Russie s'en est retirée.
"La Russie a perdu beaucoup de positions en mer Noire, à la fois sur le plan militaire et sur le plan économique", explique Sébastien Abis, directeur du Club Déméter et chercheur associé à l'Iris, sur BFM Business.
"L'Ukraine, malgré le retrait de la Russie de l'accord sur les céréales […], a réussi à exporter beaucoup" depuis deux ans et "a retrouvé quasiment sa normalité d'avant-2022" grâce à la sécurisation des flux commerciaux en mer Noire, notamment agricoles, observe-t-il.
Ces derniers mois, l’Ukraine a réussi à retrouver ses niveaux d’exportations d'avant-guerre, aidée en grande partie par la mise en place d’un corridor côtier sur les bords de la mer Noire, incluant le port d’Odessa. Plus de 80% des exportations ukrainiennes de céréales transitent aujourd'hui par ce corridor.
Records d'exportation
La Russie reste toutefois le leader incontesté des céréales. Le pays, qui représente "25 à 30% des exportations mondiales", "a battu ses records d'exportation de blé depuis trois ans", nuance Sébastien Abis.
"Ce qui a été plus compliqué pour la Russie, c'est de se faire payer ce blé", précise-t-il, évoquant les sanctions occidentales sur le système financier et les banques. Pour contourner ces sanctions, la Russie "s'est adaptée" en s'appuyant sur de "nouveaux canaux" d'exportation, l'Algérie par exemple, et sur "des alliés comme les Émirats arabes unis", note-t-il.
"Ce qui a été sanctionné par l'Europe depuis quelques semaines seulement, ce sont les engrais russes, mais il n'y a jamais eu de sanctions sur les céréales russes", souligne Sébastien Abis.