Licencié pour avoir refusé de prendre l'avion, il obtient "une demi-victoire" en justice

Avion dans le ciel allemand. (Photo d'illustration) - Christof STACHE / AFP
Un voyage de plus de deux mois qui lui aura coûté son poste. Licencié pour avoir refusé de prendre l'avion à l'issue de sa mission en Papouasie-Nouvelle-Guinée, le chercheur en psychologie sociale et activiste du climat Gianluca Grimalda sera finalement indemnisé après avoir accepté un accord proposé par la justice pour mettre fin au litige qui l'opposait à son employeur, rapporte Le Monde.
L'histoire démarre deux ans plus tôt. À l'époque, Gianluca Grimalda est employé pour l’Institut pour l’économie mondiale (IFW) de Kiel, qui l'envoie en Papouasie-Nouvelle-Guinée pour étudier l'impact du réchauffement climatique sur la population locale. Mais six mois après son arrivée sur place, alors que la mission a pris du retard en raison de différents obstacles rencontrés, l'IFW exige le retour du scientifique italien en Allemagne dans les cinq jours.
Seulement voilà, Gianluca Grimalda est adepte du "voyage lent": il refuse de prendre l'avion pour réduire son empreinte carbone. Et hors de question pour lui de trahir ses convictions. Se déplaçant en train, en ferry ou en voiture, le chercheur mettra finalement 72 jours à rentrer à Kiel, après un périple de 28.000 kilomètres à travers 16 pays.
"En état d’urgence climatique, cela me paraissait inacceptable d’un point de vue moral, étant donné qu’il y avait d’autres solutions. J’avais promis aux 1.800 participants de ma recherche que je reviendrais en Allemagne avec un trajet bas carbone", explique Gianluca Grimalda au Monde.
Une "demi-victoire"
Quelques jours plus tard, en octobre 2023, Gianluca Grimalda est licencié pour "faute grave". En réponse, le chercheur qui dénonce un licenciement "abusif" décide de porter l'affaire en justice mais perd en première instance en février 2024. Le tribunal du travail de Kiel proposera finalement un accord, accepté par les deux parties il y a quelques jours: l’Institut pour l’économie mondiale n'aura pas à réintégrer Gianluca Grimalda. Il devra en revanche lui verser une indemnité de départ. Une "demi-victoire", pour le scientifique.
"Cet accord a été conclu en appel, après le rejet de ma plainte en février dernier. L'accord stipule que mon contrat a été résilié par licenciement ordinaire en raison de convictions idéologiques incompatibles entre les parties", écrit Gianluca Grimalda sur le réseau social X.
Couvert par une clause de confidentialité, le montant de l'indemnité prévue par l'accord n'a pas été communiqué. Gianluca Grimalda a toutefois indiqué qu'il fera don d'une partie de cette indemnité. Il a en effet annoncé qu'il versera "75.000 euros" pour soutenir des actions "de protection de l'environnement et du climat".