Les fonctionnaires allemands ont-ils vraiment obtenu une augmentation de 5,8%?

Les principaux syndicats du secteur public allemand (dont Verdi) demandent une hausse des salaires des fonctionnaires - Swen Pfoertner / dpa / AFP
Si on s'arrête au chiffre, l'augmentation de 5,8% paraît conséquente, de quoi faire envie aux fonctionnaires français. Attention cependant, car cette augmentation court en réalité sur deux ans.
Au terme d'une négociation difficile, les employés de l'État allemand et des communes, soit plus de 3 millions de personnes, ont obtenu une augmentation de 5,8%. Les salariés des régions ne sont pas concernés (ils sont 2,6 millions).
Une première hausse de salaire de 3% est prévue pour les employés publics au 1er avril 2025. Les salariés devront donc accepter trois mois "vides" car l'augmentation n'est pas rétroactive au 1er janvier. Une seconde revalorisation de 2,8% aura lieu au 1er mai 2026. Ils restent mieux lotis que leurs collègues français, dont le point d'indice (qui sert de base au calcul du salaire) n'a pas été revalorisé depuis 2023.
Des pertes de pouvoir d’achat
Cet accord est le fruit d'une âpre négociation entre les syndicats et les employeurs publics. "Les salariés avaient subi des pertes de pouvoir d’achat en 2023 et 2024 du fait du contexte inflationniste", explique Arnaud Lechevalier, maître de conférence en économie à l'université Paris 1 Pathéon Sorbonne.
"Le précédent accord ne compensait pas cette perte de pouvoir d'achat, c'est pourquoi les syndicats demandaient 8% d'augmentation en tout sur les deux années", précise-t-il.
Pour appuyer leurs revendications, les syndicats ont organisé de nombreuses grèves, mais ils n'ont pas obtenu gain de cause. "Les employeurs ont dit qu'ils n'avaient pas les moyens de financer cette augmentation", explique le spécialiste des politiques sociales européennes.
Les employés publics ont en revanche obtenu une augmentation de la prime annuelle, ainsi qu'une prime pour les travailleurs en horaires décalés. En échange, les syndicats ont accepté une augmentation du temps de travail, sur la base du volontariat, jusqu'à 42 heures par semaine.