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La Fed baisse ses taux d'intérêt d'un quart de point pour la première fois en 2025

Donald Trump et Jerome Powell lors de la nomination officielle de ce dernier à la tête de la Fed le 2 novembre 2017.

Donald Trump et Jerome Powell lors de la nomination officielle de ce dernier à la tête de la Fed le 2 novembre 2017. - Drew Angerer

La banque centrale américaine (Fed) a décidé de baisser ses taux d'un quart de point de pourcentage. Le gouverneur promu par Trump voulait néanmoins une détente plus forte.

La Réserve fédérale américaine (Fed) a baissé mercredi ses taux d'intérêt pour la première fois de l'année, dans une proportion jugée trop timorée par le nouveau gouverneur, tout juste promu par Donald Trump, qui a suggéré une diminution plus marquée.

La banque centrale des Etats-Unis a sans surprise diminué ses taux directeurs d'un quart de point de pourcentage. Ils sont désormais compris entre 4% et 4,25%, soit toujours beaucoup plus hauts que ce que souhaite le président américain.

La Fed "a eu raison d'attendre" avant de baisser ses taux et est "fermement déterminée à préserver (son) indépendance", a estimé mercredi son président Jerome Powell. L'institution monétaire est pressée depuis plusieurs mois par le président américain Donald Trump de réduire ses taux, mais n'a enclenché la détente monétaire que mercredi en raison des risques pesant sur le marché du travail.

Un seul responsable a voté contre cette décision: Stephen Miran, qui a rejoint la Fed seulement mardi, nommé par M. Trump, et qui aurait voulu voir les taux d'intérêt baisser d'un demi-point.

Une hausse des prévisions de croissance

Les responsables de la Fed se sont montrés par ailleurs un peu plus optimistes concernant la croissance américaine: ils la voient désormais à 1,6% à la fin de l'année, contre 1,4% au moment de leurs prévisions de juin. Cela représente toutefois toujours un fort ralentissement par rapport à la croissance enregistrée en 2024 (+2,8%).

Ils reconnaissent en parallèle une dégradation des conditions sur le marché du travail dans leur communiqué. "Les créations d'emplois ont ralenti, le taux de chômage a progressé mais reste bas", écrivent-ils à l'issue de deux jours de réunion de politique monétaire.

Selon la médiane de leurs prévisions, ils anticipent deux autres baisses de taux (d'un quart de point chacune) en 2025, ce qui impliquerait une nouvelle détente à chacune des réunions programmées d'ici la fin de l'année.

L'an dernier à la même époque, la Fed avait baissé ses taux d'un demi-point d'un coup, puis d'un quart de point en novembre et un quart de point en décembre. Elle avait ensuite tout mis sur pause, arguant que l'incertitude entourant les conséquences des politiques de Donald Trump était trop forte pour déterminer la direction de l'économie et la réponse monétaire appropriée.

Remue-ménage

Ces derniers temps aux Etats-Unis, la stratégie monétaire, relevant d'ordinaire d'un monde académique et feutré, a glissé vers la saga politique et la chronique judiciaire.

Stephen Miran, le gouverneur qui a voté contre la décision de mercredi, vient d'être placé à la Fed par le président Trump, dont il est l'un des fidèles. Confirmé in extremis lundi par le Sénat à majorité républicaine en tant que gouverneur et membre du comité de politique monétaire, Stephen Miran a prêté serment juste avant le début de la réunion, mardi.

Il a affirmé devant la sénateurs qu'il siégerait en toute indépendance. Il a aussi prévenu qu'il ne démissionnerait pas de son poste à la tête du Comité des conseillers économiques (CEA) de la Maison-Blanche, mais prendrait seulement un congé sans solde, son mandat à la Fed ne devant durer que quelques mois. Le maintien de ce lien avec la présidence a révolté l'opposition démocrate, pour qui il ne fera qu'appliquer les injonctions de Donald Trump à baisser les taux.

Le président américain réclame depuis des mois des baisses massives des taux directeurs et a tenté de faire partir Jerome Powell. Il a aussi cherché, en vain, à empêcher la gouverneure Lisa Cook de siéger cette semaine.

Accusée par le camp présidentiel d'avoir menti à des banques pour obtenir des prêts immobiliers personnels, Lisa Cook affronte Donald Trump devant la justice pour rester en place. La Maison-Blanche a juré de porter l'affaire jusqu'à la Cour suprême, dont Donald Trump a cimenté la majorité conservatrice lors de son premier mandat. A la Fed, ce sont au total douze personnes qui votent sur les taux d'intérêt.

Marine Cardot avec AFP