La crise diplomatique entre l'Inde et le Canada s'envenime

L’affaire remonte à l’année dernière. En juin 2023, Hardeep Singh Nijjar, séparatiste indien, est tué par balles sur le parking du temple sikh qu'il dirigeait. L’homme, citoyen canadien, militait pour la création d'un État indépendant dans son pays d’origine. Trois mois plus tard, les autorités canadiennes affirment publiquement avoir des raisons de penser que le pouvoir indien est impliqué. C’est le début de la crise diplomatique.
Dernier développement en date, ce lundi, la police fédérale canadienne fait état de "l'implication d'agents du gouvernement" de Narendra Modi dans cette affaire et dans d'autres activités criminelles. Le Canada expulse au même moment six diplomates indiens, dont l'ambassadeur à Ottawa, pour refus de collaborer. Décision défendue par le premier ministre, Justin Trudeau:
"Il est évident que le gouvernement indien a commis une erreur monumentale en pensant qu'il pouvait soutenir des activités criminelles contre des Canadiens sur le sol canadien, qu'il s'agisse de meurtres, d'extorsion ou d'autres actes violents. C'est absolument inacceptable."
L’Inde qualifie d’"absurdes" les allégations canadiennes. Le pays affirme par ailleurs que ses diplomates n’ont pas été expulsés mais rappelés. "Nous n’avons pas confiance dans l’engagement du gouvernement canadien actuel à assurer leur sécurité", indique le ministère des affaires étrangères indien. En réaction, le pays a "décidé d’expulser" le haut-commissaire par intérim d'Ottawa, son adjoint et quatre autres diplomates.
Des accusations "très graves", selon les États-Unis
Washington a appelé, mardi, l’Inde à prendre "au sérieux" les "très graves" accusations canadiennes, regrettant la non-coopération de New Dehli.
"Ils ont choisi une autre voie", a déploré le porte-parole du département d'État américain.
Tout comme elle l’a fait avec le Canada, l’Inde avait aussi accusé les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'Australie d'inaction face aux sécessionnistes sikhs dans leur pays.
Quelque 770.000 sikhs vivent au Canada, représentant un peu plus de 2% de la population. C’est la communauté sikh la plus important en dehors de l'Inde. Narendra Modi accuse Justin Trudeau de sympathiser avec elle car elle soutient largement son parti.
Échanges commerciaux stables
Malgré la crise débutée l’an dernier, les échanges commerciaux semblent résister. Ils ont même légèrement augmenté pour atteindre 8,4 milliards de dollars lors de la dernière année fiscale. Le commerce bilatéral poursuit donc sa croissance. Entre 2013 et 2022, les échanges de marchandises entre les deux pays avaient augmenté de 137%.
Le Canada exporte vers son partenaire principalement des minéraux, des légumineuses, des produits chimiques industriels et des pierres précieuses. Les exportations indiennes vers le Canada comprennent, elles, surtout des produits pharmaceutiques ainsi que des équipements électriques et électroniques.
Plus de 600 entreprises canadiennes sont présentes en Inde dans des secteurs tels que l’informatique, la banque et les services financiers.
Tout en reconnaissant l’"incertitude" que pourraient ressentir les entreprises et les investisseurs canadiens suite aux dernières tensions, la ministre du Commerce international, rassure: "Notre gouvernement reste pleinement engagé à soutenir les liens commerciaux bien établis entre le Canada et l'Inde".