L'Inde et la Russie se détournent des États-Unis et envisagent d'augmenter leurs échanges commerciaux de 100 milliards de dollars

La riposte se prépare. L'Inde et la Russie cherchent à augmenter leurs échanges commerciaux annuels d'environ 50 % au cours des cinq prochaines années pour atteindre 100 milliards de dollars, en cherchant à diminuer les droits de douane, rapporte Bloomberg. Et ce, alors que les deux pays voient grimper les tensions avec les États-Unis. Moscou est le quatrième partenaire commercial de New Dehli, tandis que l'Inde est même le second partenaire commercial de la Russie.
Mercredi, le ministre indien des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar a déclaré lors d'une visite à Moscou que les deux pays devaient lever les obstacles commerciaux et réduire les barrières non tarifaires afin d'atteindre cet objectif. Cette visite de trois jours dans la capitale russe devrait faire office de préalable à la venue du président Vladimir Poutine sur le sol indien avant la fin de l'année. Elle s'inscrit également dans un renforcement des liens entre les membres fondateurs du groupe des BRICS, composé de pays en développement particulièrement exposé aux droits de douane américains.
À la recherche de "partenaires fiables et stables"
Subrahmanyam Jaishankar a déclaré lors du Forum commercial entre les deux pays que l'incertitude croissante à l'échelle mondiale remettait l'accent sur "des partenaires fiables et stables", sans toutefois citer explicitement la politique commerciale de Washington.
"Nous sommes tous parfaitement conscients que nous nous réunissons dans un contexte géopolitique complexe. Nos dirigeants restent en contact étroit et régulier."
Depuis quelques semaines, l'Inde s'est éloignée des États-Unis en raison des menaces douanières lancées par Donald Trump à son égard. Dans le même temps, le Premier ministre Narendra Modi a évoqué Vladimir Poutine comme un "ami" à l'issue d'un entretien téléphonique entre les deux dirigeants cette semaine. Par ailleurs, New Delhi opère actuellement un réchauffement de ses relations diplomatiques mais aussi commerciales avec l'autre géant asiatique, la Chine. Le chef du gouvernement indien devrait ainsi rencontrer le président Xi Jinping à Pékin dès la fin du mois, ce qui constituera son premier voyage en Chine depuis sept ans.
Droits de douane américains "déraisonnables"
Donald Trump et les membres de son administration ont vivement critiqué l'Inde pour ses achats de pétrole russe, estimant qu'ils financaient la guerre de Vladimir Poutine contre l'Ukraine. Au début du mois, le président américain a donc instaurer un droit de douane de 25 % sur les produits indiens entrant aux États-Unis et a menacé de le doubler pour le porter à 50 % le 27 août. Ce taux nuirait gravement à la compétitivité des 85 milliards de dollars d'exportations indiennes annuelles sur le sol américain.
Qualifiant de "déraisonnables" les surtaxes du locataire de la Maison Blanche, l'Inde insiste sur son droit à s'approvisionner auprès du fournisseur le moins cher. Et pour cause, l'or noir russe est vendu à un prix réduit en raison des nombreuses sanctions occidentales qui le ciblent depuis trois ans, ce qui en fait un levier de choix pour l'Inde afin de contenir son inflation.
À ce titre, Subrahmanyam Jaishankar plaide pour une diversification des échanges commerciaux indo-russes et souhaite aussi favoriser les partenariats entre les entreprises des deux pays. Enfin, le ministre indien des Affaires étrangères suggère des rencontres plus fréquentes entre New Dehli et Moscou dans le but de réduire les difficultés relatives aux systèmes de paiement.