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Italie: l'âge de départ à la retraite des fonctionnaires pourrait être reculé à 70 ans

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Le ministre de l'Administration a précisé qu'il s'agirait d'un choix volontaire et non d'une obligation. Cette proposition s'inscrit dans un contexte où de nombreux services publics font face à des pénuries de personnels.

Elle semble bien loin l'époque où le gouvernement Meloni promettait un départ à la retraite après 41 annuités de cotisation, sans tenir compte de l'âge. Alors que les parlementaires italiens se préparent à recevoir l'épineuse loi budgétaire 2025, le ministre de l'Administration publique, Paolo Zangrillo, a laissé entendre que les fonctionnaires pourront continuer à travailler jusqu'à 70 ans.

Il a toutefois précisé que ces départs trois ans après l'âge légal italien se feraient à partir "d'un choix volontaire réservé à ceux qui se sentent encore capables de contribuer à leur secteur". État le plus vieillissant d'Europe, avec un âge moyen de 48 ans selon Eurostat, l'Italie connaît une pénurie de personnel dans de nombreux secteurs publics, à commencer par l'éducation, la justice et la santé.

Alors que l'insuffisance des services publics est pointée du doigt dans le pays, la problématique pourrait être aggravée par la vague de départ à la retraite qui se profile dans les prochaines années.

"Il n’y a pas pire Ehpad d’Europe, l’Insee local estime qu’ils vont perdre 3,8 millions de personnes d’ici 15 ans", rapporte, Nicolas Doze, éditorialiste BFM Business.
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Une dette à 137% du PIB

Le ministre italien y voit également un moyen d'alléger "la pression financière sur le système des retraites". "C'est la toute première facture qui plombe les comptes de la nation, rappelle Nicolas Doze. Ils ont une dette si monstrueuse que l'on ne peut pas s'imaginer la tirer indéfiniment."

Actuellement, la dette italienne s'élève à 137% du PIB, soit l'une des plus importantes en Europe. L’Italie fait partie des sept pays, avec la France, la Belgique, la Hongrie, Malte, la Pologne et la Slovaquie pour lesquels la Commission a ouvert une procédure de déficit excessif.

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La réponse des syndicats italiens ne s'est pas faite attendre. Ils ont dénoncé une extension qui pourrait avoir "des effets négatifs sur ceux qui veulent partir plus tôt" que 70 ans. Ils ont également fait part de leur inquiétude concernant la "durabilité physique et psychologique" des travailleurs, en raison de postes où les contraintes sont plus importantes.

"Ce n’est pas un forçage, mais une option supplémentaire", a rappelé le ministre.

Insuffisant pour rassurer les syndicats qui craignent que cette option ne devienne un jour une obligation.

Un âge de départ qui fait débat partout en Europe

Le recul de l'âge de départ est un sujet qui revient dans de nombreux pays européens. En Allemagne, alors que le pays recule progressivement sa retraite de 65 à 67 ans pour les classes d'âges de 1947 à 1964, certains évoquent déjà la possibilité de le remonter jusqu'à 71 ans.

En France, le sujet revient sur la table tel un serpent de mer. Édouard Philippe, qui a annoncé sa candidature pour la présidentielle 2027, milite pour repousser l'âge de départ à 67 ans. À l'inverse, le Front national et le NFP veulent revenir sur la réforme des retraites promulguée en 2023, qui avait fait passer l'âge de départ de 62 à 64 ans. Le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, a, quant à lui, laissé entendre qu'une "amélioration" de la loi pourrait être envisagée, sans toucher à l'âge de départ.

Théodore Laurent