INFOGRAPHIE. 50% pour le Brésil, 10% pour le Royaume-Uni... Qui Trump sanctionne le plus (et le moins) avec ses droits de douane?

Le président américain Donald Trump se prépare à accueillir le Premier ministre britannique Keir Starmer et son épouse Victoria Starmer au club de golf Trump Turnberry le 28 juillet 2025 à Turnberry, en Écosse. - ANDREW HARNIK / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP
La liste s'allonge. Après le Japon et les Philippines mardi et l'Union européenne dimanche, c'est au tour de la Corée de Sud de conclure un accord commercial avec le président américain Donald Trump. Mercredi 30 juillet, Séoul et Washington se sont accordés sur des droits de douane à hauteur de 15% sur les produits coréens exportés aux États-Unis.
Les taxes prévues sont souvent supérieures au niveau plancher de 10% appliqué depuis avril par les États-Unis à la plupart des produits. Et ces accords, dont les détails restent souvent encore à négocier, ont aussi été obtenus au prix d'importantes concessions de la part des pays visés.
15% pour la Corée du Sud
Si un accord a bien été conclu mercredi entre les États-Unis et la Corée du Sud, c'est bien parce que, comme l'Union européenne et d'autres pays, Séoul a accepté de se plier à des contreparties en faveur de Washington.
Séoul s'est en effet engagé à investir 350 milliards de dollars aux États-Unis, avec notamment l'achat "pour 100 milliards de dollars" de gaz naturel liquéfié (GNL) "ou d'autres sources d'énergie". La Corée du Sud échappe ainsi à la menace initiale de 25% de surtaxes.
15% pour l'Union européenne
Avec l'accord annoncé dimanche soir, les produits européens seront taxés à 15%, au lieu des 30% brandis par Donald Trump si aucune entente n'avait été trouvée au 1er août. En contrepartie, l'UE s'est engagée à 750 milliards de dollars d'achats d'énergie et à 600 milliards d'investissements supplémentaires aux États-Unis.
Les États-Unis et l'UE vont aussi supprimer leurs droits de douane pour certains "produits stratégiques" dont les équipements aéronautiques, "certains produits chimiques", ainsi que "certains produits agricoles et des matières premières critiques", selon la Commission européenne, sans détailler davantage.
Les Européens espéraient notamment pouvoir arracher un traitement plus favorable pour les vins et spiritueux. Donald Trump a en tout cas indiqué dimanche que le secteur pharmaceutique ne bénéficierait pas d'un traitement particulier.
15% aussi pour le Japon
Selon l'accord annoncé mardi par Donald Trump, les produits japonais importés aux États-Unis seront surtaxés à 15%, en-deçà des 25% dont l'archipel était menacé.
Tokyo a en particulier obtenu des droits de douane totaux de 15% pour son crucial secteur automobile, qui représentait l'an dernier presque 30% des exportations vers les Etats-Unis.
Les surtaxes de 50% sur les exportations japonaises d'acier et d'aluminium continuent de s'appliquer.
L'accord a comme contrepartie des investissements japonais à hauteur de "550 milliards de dollars" sur le sol américain, et "90% des bénéfices générés resteront aux Etats-Unis", selon un mémo diffusé par la Maison Blanche.
Le Japon achètera également pour 8 milliards de dollars de produits américains (maïs, soja, engrais, bioéthanol...), ajoute ce document. Tokyo s'est engagé à acheter des avions américains, "notamment 100 Boeing", à muscler ses achats à l'industrie de défense américaine, et à "lever des restrictions" qui entraveraient selon Washington l'accès des automobiles américaines au marché japonais.
19% pour les Philippines et l'Indonésie
Selon l'accord également annoncé mardi, les Philippines ont obtenu une petite réduction des droits de douane qui s'appliqueront sur leurs produits à l'entrée aux Etats-Unis. Ils ont été fixés à 19%, contre 20% annoncés début juillet.
Les droits de douane s'élèvent aussi à 19% pour l'Indonésie, d'après l'accord-cadre de mi-juillet. C'est loin de de la menace de 32% un temps brandie.
D'après Washington, Jakarta a accepté de dispenser la quasi-totalité des produits américains de droits de douane et de reconnaître les normes américaines pour les véhicules ou encore les produits pharmaceutiques. L'Indonésie devrait également reculer sur la taxation prévue de l'économie numérique et s'est engagée à lever les restrictions sur les exportations des minerais critiques.
20% pour le Vietnam
Le Vietnam s'est entendu début juillet avec les États-Unis, son principal marché d'exportation pour notamment le textile et les chaussures, sur une surtaxe de 20%, et non 46% comme initialement programmé.
L'accord prévoit cependant de doubler le taux à 40% pour les produits conçus ailleurs et qui ne font que transiter par le Vietnam par des méthodes dites de transbordement. Mais aucun détail n'a été donné sur ce qui définirait de tels produits.
L'accord prévoit une taxation nulle pour les produits américains exportés vers le Vietnam.
50% pour le Brésil
Le Brésil devrait essuyer 50% de surtaxe en représailles aux poursuites judiciaires engagées contre son ex-président Jair Bolsonaro, accusé d'une tentative de coup d'Etat après sa défaite à l'élection présidentielle de 2022, une "chasse aux sorcières" selon son allié Donald Trump.
Le locataire de la Maison Blanche a signé un décret en ce sens mercredi, effectif à compter du 6 août.
Selon le décret, la surtaxe se justifie par "la menace inhabituelle et extraordinaire que constitue le Brésil pour la sécurité nationale, l'économie et la politique étrangère des Etats-Unis".
Des exceptions seront néanmoins faites pour les avions, le jus et la pulpe d'orange, les noix du Brésil, et certains produits en fer, acier ou aluminium. Washington accuse le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes de "détentions arbitraires" et de non-respect de "la liberté d'expression".
Le Trésor estime que le juge a profité de sa position pour "cibler des opposants politiques, notamment l'ex-président Jair Bolsonaro, des journalistes, des réseaux sociaux américains et d'autres entreprises américaines et internationales".
10% en moyenne pour le Royaume-Uni
En mai, Londres et Washington avaient conclu un accord prévoyant la réduction de 27,5% à 10% des droits de douane sur les voitures (dans la limite de 100.000 véhicules par an) ainsi qu'une exemption des droits pour le secteur aérospatial.
Londres négocie toujours des exemptions pour l'acier et l'aluminium, prévues dans l'accord annoncé en mai, contre 25% actuellement.
En contrepartie, le Royaume-Uni a accepté d'ouvrir davantage son marché à l'éthanol ou au boeuf américains, suscitant des inquiétudes dans le pays.Le reste des importations de produits manufacturés britanniques est toujours soumis aux droits plancher de 10%.