"Il faut faire valoir nos intérêts de façon beaucoup plus forte": le président de France Industrie appelle l'UE à plus de fermeté vis-à-vis des États-Unis

Les inquiétudes demeurent nombreuses dans l'industrie française, trois jours après l'annonce d'un accord commercial conclu entre l'Union européenne et les États-Unis. Invité ce mercredi 30 juillet de Good Morning Business, le président de France Industrie, Alexandre Saubot, a regretté "le déséquilibre" de l'accord "puisque les Américains vont taxer de façon supplémentaire de nombreux secteurs européens alors que les Européens ne procèdent à aucune mesure dans ce domaine".
Alors que la menace de 30% de droits de douane américains sur les exportations européennes à partir du 1er août planait sérieusement, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président des États-Unis se sont finalement accordés sur un accord commercial fixant à 15% les taxes appliqués aux biens européens exportés outre Atlantique.
"C'est malheureusement l'illustration de la faiblesse de l'Europe dans la guerre économique qui se joue avec la Chine et les États-Unis", a déploré le président de France Industrie, Alexandre Saubot.
"Ce que nous attendons, c'est très clair, c'est une politique de simplification et de compétitivité autour de la défense de l'industrie européenne pour nous permettre de faire face à ce nouveau choc", a-t-il souligné au micro de BFM Business. Et ce, d'autant plus que ce nouvel accord commercial "s'ajoute à une baisse de 15% du dollar depuis le début de l'année", a-t-il insisté.
Réunion à Bercy cet après-midi
Alexandre Saubot sera reçu cet après-midi à Bercy par le ministre de l'Économie Éric Lombard et d'autre membres du gouvernement comme la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin ou encore celui chargé de l'Industrie et de l'Énergie Marc Ferracci.
D'autres fédérations représentant les filières professionnelles "impactées par les droits de douane américains", comme la Fédération bancaire française, l'Alliance du commerce ou encore la Fédération du commerce et de la distribution seront aussi conviées, entre autres. Le patronat, à savoir le Medef, la CPME et l'U2P seront également présents.
Alexandre Saubot espère ainsi obtenir des "précisions", rappelant qu'à date, il n'y a "pas encore de texte détaillé de l'accord politique" conclu entre l'UE et les États-Unis.
"L'objectif de l'industrie européenne n'a pas changé, le moins possible de droits de douane des deux côtés de l'Atlantique, c'est bon pour l'économie américaine, c'est bon pour l'économie européenne", a-t-il plaidé.
Inquiétudes dans la cosmétique, la mécanique, l'automobile
Reste à savoir si cette réunion apaisera les inquiétudes exprimées dans des secteurs clés de l'industrie française. "On espère que tous les secteurs importants pour l'industrie française verront leurs droits de douane fixés au niveau le plus faible possible. Vous avez entendu les inquiétudes de la cosmétique, c'est vrai dans la mécanique, c'est vrai dans l'automobile", a ajouté le président de France Industrie.
"En plus, tout ça se passe à un moment où l'industrie chinoise est particulièrement agressive et où la capacité de l'Europe à se défendre est questionnée", a-t-il appuyé.
Dans ce contexte de "guerre commerciale", Alexandre Saubot a considéré que "l'Europe doit absolument s'adapter au monde tel qu'il se dessine, un monde conflictuel".
"Il faut faire valoir nos intérêts de façon beaucoup plus forte, et en particulier nos intérêts industriels qui sont le seul et le premier gage de notre souveraineté économique dans la durée", a-t-il conclu.