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Guerre en Ukraine: l'UE compte sur les avoirs gelés russes comme levier de négociation avec Moscou

Le président russe, Vladimir Poutine, le 29 mars 2023 à Moscou

Le président russe, Vladimir Poutine, le 29 mars 2023 à Moscou - Gavriil GRIGOROV / SPUTNIK / AFP

Lors de son entretien avec Donald Trump lundi, Emmanuel Macron a confirmé que les 250 milliards d'euros d'actifs gelés russes seront bel et bien sur la table des discussions avec la Russie.

250 milliards d'euros. C'est le montant conséquent des actifs russes gelés depuis le début de la guerre en Ukraine. Et ce magot pourrait bien peser dans les négociations de paix. Le président de la République Emmanuel Macron a en tout cas confirmé que les avoirs gelés russes seraient sur la table des discussions avec le Kremlin lors de son entretien lundi avec Donald Trump.

Si le droit international leur interdit de les utiliser, les Européens ont cependant décidé de faire fructifier cet argent déposé dans l'Union européenne par la banque centrale russe en stockant une part importante chez Euroclear, un dépositaire basé à Bruxelles. Les intérêts générés grâce à ces placements ont permis d'apporter un soutien financier à Kiev à l'image du virement d'un milliard et demi d'euros effectué en juillet dernier et plus récemment d'un autre de trois milliards d'euros en début d'année.

Financer la reconstruction de l'Ukraine dont le coût est estimé à 500 milliards d'euros

D'après l'agence de presse américaine Reuters, la Russie pourrait accepter de renoncer à ses actifs gelés en les cédant pour financer la reconstruction de l'Ukraine dont le coût est estimé à près de 500 milliards de dollars. Une partie de l'addition, environ un cinquième, concernerait toutefois des territoires que Moscou contrôle en Ukraine. Mais pour l'instant, ce scénario ne fait pas l'unanimité parmi les Vingt-Sept et la responsable de la diplomatie européenne a souligné hier l'absence de consensus sur la question.

Au total, l'Union européenne a mis en place pas moins de 16 paquets de sanctions contre la Russie, le dernier en date ayant été adopté mercredi par les ambassadeurs européens à Bruxelles. "La position des Européens reste claire, un accord entièrement au bénéfice de la Russie est inacceptable", rappellait la semaine dernière à l'AFP Célia Belin, de l'European council on Foreign Relations.

"S’il y a un tel accord, ils n’aideront pas à le mettre en œuvre, ils ne lèveront pas les sanctions par exemple".

Seul problème, la reconduite de ces sanctions est décidée, à l'unanimité, tous les six mois par les 27. La Hongrie, le meilleur allié du Kremlin dans l'Union européenne, a menacé à plusieurs reprises de mettre son veto à ce renouvellement, indispensable pour que ces sanctions restent en vigueur. Elle ne s'est pas opposée mercredi à l'introduction d'un seizième paquet mais pourrait changer d'avis si les Etats-Unis faisaient pression pour que les sanctions occidentales soient abandonnées. C'est un risque mais il est peu probable que les Européens se "laissent dicter leur politique étrangère par un seul pays", veut croire Célia Belin.

Timothée Talbi