Guerre commerciale: de nouveaux frais pour les navires liés à la Chine qui accostent aux Etats-Unis

Le navire porte-container chinois, CSCL Asia en provenance de Hong Kong, décharge sa cargaison, le 31 août 2005 au port du Havre. - ROBERT FRANCOIS / AFP
Les propriétaires et armateurs de navires fabriqués en Chine vont devoir payer de nouveaux frais lorsqu'ils accosteront dans les ports américains, mesure qui doit entrer en vigueur dans 180 jours et dont les montants doivent augmenter progressivement, a annoncé jeudi le représentant au commerce de la Maison Blanche (USTR).
Seront également concernés les propriétaires et opérateurs chinois de navires non fabriqués en Chine, précise l'USTR dans un communiqué. Ces frais seront facturés par visite aux Etats-Unis - et pas à chaque port américain visité - et un maximum de cinq fois par navire et par an. L'USTR a aussi prévu une tarification spécifique pour les navires transportant des véhicules, qui doit aussi entrer en vigueur dans 180 jours, et pour ceux transportant du gaz naturel liquéfié (GNL) mais dont la facturation ne doit commencer que dans trois ans et grimper par étapes pendant 22 ans.
Pékin a déclaré vendredi que les nouveaux frais portuaires américains, qui s'appliqueront aux navires fabriqués en Chine, seront "préjudiciables à tous", en ajoutant que cette mesure "ne permettra pas de relancer l'industrie navale américaine."
"Ces mesures font grimper les coûts du transport maritime à l'échelle mondiale, perturbent la stabilité des chaînes mondiales d'approvisionnement et accentuent les pressions inflationnistes aux États-Unis", a déclaré Lin Jian, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors d'une conférence de presse régulière.
Une mesure pour relancer la construction navale américaine
"L'USTR a pris aujourd'hui une mesure ciblée pour restaurer la construction navale américaine et pour réagir face aux actions, politiques et pratiques déraisonnables de la Chine pour dominer les secteurs maritimes, logistiques et de la construction navale", a relevé le communiqué.
L'ancien président Joe Biden avait confié à l'USTR le soin d'enquêter pour mettre à jour "les pratiques déloyales de la Chine dans les secteurs de la construction navale, du transport maritime et de la logistique". Cette enquête a été maintenue par son successeur Donald Trump, qui a également annoncé début mars la création d'un Bureau de la construction navale qui doit être rattaché à la Maison Blanche.
Dominante au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l'industrie navale américaine a peu à peu reculé et ne représente plus que 0,1% de la construction navale au niveau mondial, désormais dominée par l'Asie, avec la Chine qui construit près de la moitié des navires mis à l'eau, devant la Corée du Sud et le Japon.
Les trois pays asiatiques représentent plus de 95% des navires civils construits, selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced).
Cette annonce intervient en pleine guerre commerciale entre Washington et Pékin.