"Vous êtes passés de 90% du PIB américain à 65% en 10 ans": le patron de la plus grande banque américaine dit aux Européens qu’ils sont "en train de perdre"

Jamie Dimon est l'une des voix les plus écoutées de la finance mondiale. - AFP
"Vous êtes en train de perdre", a asséné Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan Chase, aux dirigeants européens lors d'un événement organisé à Dublin et couvert par le Financial Times.
"L'Europe est passée de 90% du PIB américain à 65% en 10 ou 15 ans. Ce n'est pas bon signe", a poursuivi l'une des voix les plus suivies de la finance mondiale.
Ce dernier a souligné que le Vieux Continent risquait de plus en plus de ne pas pouvoir rivaliser avec les États-Unis et la Chine.
"De sérieux problèmes à résoudre"
L'année dernière, l'économie américaine avait augmenté trois fois plus vite que celle de la zone euro (2,8% de croissance contre 0,7%). Déjà plombée par des prix élevés de l'énergie et une productivité en berne, l'Union européenne est confrontée à une concurrence chinoise de plus en plus agressive et à la politique protectionniste de Donald Trump.
L'Europe pâtit aussi d'un manque de travail, d'une épargne abondante mais qui part s'investir ailleurs et d'investissements qui stagnent. Résultat, "la demande intérieure en pourcentage du PIB de la zone euro est tombée dans le bas de la fourchette des économies avancées", alertait déjà en janvier l'ancien président de la BCE Mario Draghi.
Lors des Rencontres économiques d'Aix la semaine dernière, le déclassement de l'Europe par rapport aux États-Unis était au coeur des discussions. "Le poids de l’Europe dans la richesse mondiale c’était 29% en 1980 et les États-Unis 26%. Aujourd’hui les États-Unis sont toujours à 26% et l’Europe a perdu plus de 10 points et est tombée à 18%", expliquait Jacques Aschenbroich, le président du conseil d’administration d'Orange. Avocat d’affaires chez Latham & Watkins Jacques-Philippe Gunther déplorait de son côté le "suicide de l’industrie européenne" en partie lié aux décisions de la Commission "qui a refusé une quarantaine de décisions de fusion ou d'acquisition" depuis 1990.
Dans ce contexte et alors que Bruxelles et Washington semblent proches de conclure un premier accord commercial, probablement défavorable à l'Europe, Jamie Dimon a estimé que "l'objectif devrait être de renforcer l'Europe et de préserver l'unité entre l'Amérique et l'Europe. Cela devrait être l'objectif ultime".
Jamie Dimon avait déjà estimé en avril que l'Europe avait "de sérieux problèmes à résoudre" et appelait à "réformer considérablement leurs économies afin qu'elles puissent croître".