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Économie, relations avec la France… Les défis d'Abdelmadjid Tebboune, réélu président en Algérie

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Abdelmadjid Tebboune a été réélu dimanche avec plus de 94% des voix. Malgré des doutes sur la participation réelle au scrutin, le président algérien se remet au travail pour cinq ans, avec des promesses économiques à tenir.

En Algérie, sans surprise, Abdelmadjid Tebboune décroche un second mandat avec un score extrêmement élevé. Officiellement, le président sortant recueille près de 94,65% des suffrages. Un peu plus de 24 millions d’électeurs était appelés aux urnes samedi. L’annonce des résultats est a été faite dimanche soir par le président de l'Autorité nationale indépendante des élections.

Face au président sortant, figuraient seulement deux candidats: Youcef Aouchiche, à la tête du Front des forces socialistes, plus vieux parti d’opposition algérien, et Abdelaali Hassani, chef du Mouvement de la société pour la paix, le principal parti islamiste. À savoir qu’il n’y a jamais de second tour pour une présidentielle en Algérie.

Doutes sur la participation réelle

La seule inconnue de cette élection, finalement, était le taux de participation. Le pouvoir espérait qu’il soit important car en 2019, 60% des électeurs n’avaient pas voté. C’était alors le plus fort taux d'abstention de l’histoire du pays pour une présidentielle.

Pour ce scrutin, la participation s’élève à 48%, selon les autorités, qui précisent que 5,6 millions d'Algériens se sont déplacés. Sauf que, si l’on fait le calcul, 5,6 millions de votants sur un total de 24 millions d’inscrits, cela donne un taux de participation d’environ 23%.

Caroline Loyer : Algérie, A. Tebboune réélu avec 94% des voix - 09/09
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Dans une démarche inédite, les équipes de campagne des trois candidats, y compris celle d’Abdelmadjid Tebboune donc, dénoncent des irrégularités et contradictions dans les chiffres annoncés. Un peu plus tôt, l’opposant Abdelali Hassani évoquait des "pressions sur certains responsables de bureaux de vote pour gonfler les résultats".

Les promesses de Tebboune

Réélu confortablement, Abdelmajjid Tebboune avait demandé cinq ans de plus pour parachever des projets qu’ils estiment avoir été entravés par la pandémie et la corruption de son prédécesseur, dont il fut ministre.

Il s'engage à doubler les salaires des fonctionnaires et à multiplier quasiment par deux également le PIB en le portant à 400 milliards de dollars. Il promet aussi de construire deux millions de logements, de ramener l’inflation sous la barre des 4% et d’assurer l’autosuffisance en blé, orge et maïs.

Mais le plus gros défi reste la diversification de l'économie du pays. L'Algérie est toujours largement dépendante de ses hydrocarbures et notamment de son gaz qui en fait un partenaire européen de poids.

Le sujet des relations avec la France

Autre enjeu important pour le président réelu: les relations avec la France. Sur le plan diplomatique d’abord, on sait que les rapports sont extrêmement tendus depuis cet été et la reconnaissance par Emmanuel Macron du plan marocain pour le Sahara occidental. Le président français a adressé dimanche soir ses "plus vives félicitations" à son homologue algérien.

Le monde qui bouge - L'Interview : Algérie, une élection jouée d'avance - 09/09
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Sur le plan économique, certains redoutent toujours des conséquences. On se souvient qu’Alger avait réduit drastiquement ses échanges commerciaux avec l’Espagne après sa reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le sujet. Et puis il y a aussi la question gazière. L’Algérie a fourni près de 12% des importations de gaz naturel de la France en 2023.

Les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint 11,8 milliards d'euros l’an dernier, un niveau record.

Caroline Loyer