Donald Trump menace de licencier des fonctionnaires si le Congrès ne vote pas le budget, les démocrates "ne se laisseront pas intimider"

Le président américain Donald Trump, dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 15 septembre 2025. - SAUL LOEB
J-5 pour l'adoption du budget américain. Donald Trump a fait brusquement monter les enchères jeudi dans son bras de fer budgétaire avec l'opposition démocrate, en menaçant de licencier en masse des fonctionnaires si le Congrès ne vote pas une loi de finances d'ici cinq jours.
"Tout ceci est de la faute des démocrates. Ils nous ont demandé de faire des choses déraisonnables", a dit le président américain à l'occasion d'une rencontre à la Maison Blanche avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan.
Il a accusé l'opposition de vouloir financer des soins médicaux pour des immigrés en situation irrégulière avec l'argent fédéral.
Les enjeux de ce combat politico-financier sont lourds pour chaque camp. Dans un peu plus d'un an se tiendront les élections de mi-mandat, lors desquelles la majorité au Congrès, aujourd'hui républicaine, sera remise en jeu.
Le 30 septembre est la date limite pour adopter un budget, même temporaire, et éviter un "shutdown", une paralysie de l'État fédéral.
Le républicain Russell Vought, directeur du Bureau du budget (OMB) à la Maison Blanche, a demandé aux agences fédérales de concevoir des plans de réduction des effectifs pour les employés travaillant dans des programmes qui n'ont pas de financement actuel, ni de source de financement extérieure, et qui ne sont "pas cohérents avec les priorités du président" Trump, selon un courrier dont l'AFP a eu une copie.
Le mémo de l'OMB indique que toute réduction effectuée après la date limite de financement serait permanente.
"Politicard malfaisant"
Donald Trump refuse toute rencontre avec les chefs de file de la minorité démocrate au Congrès tant qu'ils ne se rangent pas à ses arguments.
Le patron des démocrates à la Chambre des représentants Hakeem Jeffries a qualifié Russell Vought de "politicard malfaisant". "Nous ne nous laisserons pas intimider", a-t-il écrit sur X, en concluant, à l'adresse du directeur du Budget: "Va te faire voir."
En cas de "shutdown", une grande partie des services fédéraux seraient mis à l'arrêt, avec des centaines de milliers de fonctionnaires au chômage technique, un trafic aérien chambardé, mais aussi de fortes perturbations dans le versement de nombreuses aides sociales.
Les républicains disposent d'une courte majorité aux deux chambres du Congrès, Chambre des représentants et Sénat, mais en raison du règlement parlementaire, le parti républicain devra négocier avec les démocrates pour obtenir les voix d'au moins sept sénateurs.
Emploi en berne
Les démocrates exigent notamment que les républicains rétablissent des centaines de milliards de dollars en dépenses de santé.
Les conservateurs, de leur côté, arguent que leur plan de dépenses pour sept semaines, finançant le gouvernement jusqu'à fin novembre, est le seul sur la table.
Si le Congrès adopte un projet de loi budgétaire avant la date limite, "les étapes supplémentaires décrites dans cet e-mail ne seront pas nécessaires", indique le mémo de l'OMB.
Les démocrates, qui n'ont pas réussi jusqu'ici à articuler de réponse réellement percutante au déluge de décisions drastiques de Donald Trump, sont malmenés dans les sondages.
Ils voient dans ce bras de fer une occasion de présenter le président milliardaire comme un ami des riches, décidé à sabrer dans les prestations sociales.
Les républicains misent eux sur un message sécuritaire et souverainiste, tout en promettant des baisses d'impôt, à l'heure où le marché de l'emploi se dégrade.
Les Américains expriment dans les enquêtes d'opinion un scepticisme marqué, voire une hostilité ouverte à la politique protectionniste de Donald Trump.