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"Les plus vulnérables sont licenciés en premier": le taux de chômage des Afro-Américains flambe à 7,5%, un très mauvais signal selon les économistes

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Le taux de chômage des Afro-Américains, particulièrement vulnérables sur le marché de l'emploi, a progressé ces derniers mois aux États-Unis.

Malgré les multiples dénégations de Donald Trump, qui affiche une confiance sans faille dans les retombées positives de sa politique économique, le marché du travail américain est en perte de vitesse. Outre-Atlantique, les États-Unis ont créé 22.000 emplois en août, bien inférieur aux habitudes américaines, alors que les analystes s'attendaient à 75.000 créations d'emplois sur cette période estivale.

Atteignant son plus haut niveau depuis l'automne 2021, le taux de chômage américain a grimpé à 4,3% en août, après 4,2% au mois de juillet et 4,1% au mois de juin, selon les dernières statistiques du département du Travail.

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Sur le même mois d'août, le taux de chômage des seuls travailleurs afro-américains a atteint 7,5%, marquant une nette progression après 7,2% en juillet et 6,8% en juin. Or, une hausse du taux de chômage des Afro-Américains, qui représentent aujourd'hui 13% de la population active outre-Atlantique, est souvent un signal annonçant un ralentissement général du marché de l'emploi aux États-Unis, rapporte CNN.

Coupes dans les effectifs fédéraux

"Les personnes les plus vulnérables ont tendance à être licenciées en premier, et malheureusement, ce sont souvent les Afro-Américains, ce qui est très inquiétant en soi", a ainsi observé Diane Swonk, économiste en chef du cabinet KPMG US, auprès du média américain.

Cet indicateur est en effet considéré comme le "canari dans la mine de charbon", en référence aux oiseaux utilisés par les mineurs pour repérer les fuites de gaz dangereux. Plus sensible au monoxyde de carbone, les canaris mouraient les premiers et prévenaient les risques d'intoxication.

Les travailleurs afro-américains sont plus susceptibles d'occuper des emplois peu qualifiés, ce qui les rend plus vulnérables aux licenciements, indiquait récemment The Wall Street Journal, y ajoutant les discriminations à l'embauche.

Par ailleurs, les Afro-Américains - et notamment les femmes - ont été particulièrement touchés par les coupes drastiques dans les effectifs des administrations fédérales opérées par la nouvelle administration Trump depuis le début de l'année, alors qu'ils y sont surreprésentés. Selon CNN, les Afro-Américains représentent aujourd'hui 18,7% des effectifs fédéraux aux États-Unis. L'abandon par certaines entreprises de pratiques favorables à la diversité et à l'inclusion a également joué un rôle, précise-t-on.

Cette dégradation du marché de l'emploi pour les Afro-Américains pourrait pénaliser la consommation aux États-Unis et pourrait également fragiliser des entreprises détenues par des Afro-Américains, précise CNN.

La Fed plus que jamais dans le collimateur

C'est pour cette raison que le président Donald Trump réclame une baisse des taux d'intérêt de la Fed depuis des mois, afin de relancer l'économie américaine.

Ce mardi, à une semaine d'une nouvelle réunion de l'institution financière américaine, le locataire de la Maison Blanche a partagé sur son réseau Truth Social des notes d'analystes allant dans son son sens et faisant porter à Jerome Powell la responsabilité de l'état de l'économie américaine.

"Il a fait un travail lamentable [...]. C'est trop bas, trop rigide, ils ont suivi des données qui ont des années de retard, indique Jay Hatfield le patron d'Infrastructure Capital Advisors cité par Donald Trump. Ils ne croient pas à l'importance de la masse monétaire, c'est comme si le Pape ne croyait pas en Jésus. Nous pensons que c'est un problème bien plus grave que cette idée de dépendance ou d'absence d'indépendance."

Jérémy Bruno (avec AFP)