Donald Trump élu président des États-Unis: cinq conséquences à venir

Avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, le monde s'apprête à vivre de nouvelles turbulences. Isolationniste et imprévisible, le président élu entend bien tourner la page Joe Biden, qui a tenté ces quatre dernières années de restaurer l'image des Etats-Unis dans le monde.
• Vers la fin du soutien militaire à l'Ukraine?
La victoire mercredi du républicain sur la vice-présidente démocrate Kamala Harris aura probablement les répercussions les plus immédiates en Ukraine, où Donald Trump a promis de mettre rapidement fin à la guerre, "en 24 heures", en forçant Kiev à faire des concessions aux envahisseurs russes. Le magnat de 78 ans estime que "cette guerre n'aurait jamais dû avoir lieu" et il loue sa "très bonne relation" avec le président russe Vladimir Poutine qu'il cherchera sans doute à rencontrer en tête-à-tête, une fois entré en fonctions le 20 janvier.
Donald Trump n'a jamais donné de détails sur ses intentions, mais il n'a jamais publiquement souhaité la "victoire" de Kiev. Et il est accusé d'avoir de l'admiration pour Vladimir Poutine. Selon des médias occidentaux, son plan serait largement favorable à la Russie. Il s'agirait de démilitariser la zone actuellement occupée par Moscou (soit 20% du territoire ukrainien) sans que Kiev n'en reprenne le contrôle. Et l'Ukraine devra renoncer à rejoindre l'Otan, comme le veut le Kremlin.
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Par ailleurs, les alliés européens redoutent un ralentissement, voire un arrêt, du soutien militaire américain à l'Ukraine. Donald Trump a dénoncé à plusieurs reprises les milliards dépensés par son pays pour aider Kiev. Le pays a déjà goûté aux réticences républicaines. Pendant des mois fin 2023 - début 2024, les partisans de Trump ont bloqué l'assistance militaire américaine, forçant les forces ukrainiennes à rationner les obus et permettant à la Russie de pousser son avantage.
• La promesse d'une hausse des taxes sur les importations
Le premier mandat du milliardaire américain entre 2017 et 2021 avait déjà porté la marque des droits de douanes punitifs. Le républicain veut les faire remonter entre 10 et 20% pour l'ensemble des produits entrant aux Etats-Unis, et jusque 60% pour ceux venant de Chine voire même 200% pour certains types de biens.
L'objectif affiché est d'augmenter les recettes fiscales et d'utiliser les droits de douane comme arme de négociation face à des pays qui, comme la Chine, "nous mettent en pièces", a répété Donald Trump durant sa campagne, tout en incitant les entreprises à relocaliser leur production aux Etats-Unis.
D'après le directeur du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII) Antoine Bouët, l'Europe souffrirait aussi d'un tel relèvement des droits de douanes américains, l'Allemagne étant plus exposée que la France au marché américain. Aucun secteur d'activité ne serait d'ailleurs épargné, de l'aéronautique aux vins et spiritueux en passant par le luxe.
• Une sortie de l'accord de Paris sur la table
Durant son premier mandat, Donald Trump avait retiré les Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat de 2015. Il pourra recommencer dès son entrée à la Maison Blanche le 20 janvier, ce qui rendra le retrait effectif un an plus tard. Après le premier retrait effectif seulement en novembre 2020 pour des raisons de procédure, Joe Biden avait réadhéré à l'accord en janvier 2021.
Or c'est dans le cadre de cet accord que les Etats-Unis se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de moitié d'ici 2030, comparé à 2005. En 2023, cette réduction en était à 18%, selon le centre de recherche Rhodium Group. Pour tous les experts, cet objectif s'éloignera avec la victoire de Donald Trump. Avec un impact sur le réchauffement mondial. Et pour cause, le Républicain a promis durant sa campagne de "forer à tout va" et remis ouvertement en doute la réalité du changement climatique, à rebours de la politique de transition énergétique engagée par son prédécesseur Joe Biden.
"Nous avons plus d'or liquide que n'importe quel pays dans le monde. Plus que l'Arabie saoudite ou la Russie", s'est encore félicité le magnat dans son discours de victoire, en référence au pétrole et au gaz.
• Une moindre participation dans l'Otan
La perspective d'un retour de Donald Trump à la Maison blanche hantait les couloirs de l'Otan depuis des mois. Ses déclarations tonitruantes contre les pays européens de l'Alliance, coupables à ses yeux de ne pas financer assez leur défense, sont encore dans toutes les mémoires. En début d'année, il avait menacé, s'il était élu, de ne plus défendre les pays de l'Otan qui ne respectent pas leur engagement de contribution au budget de l'alliance. En février dernier, la position du milliardaire américain se résumait ainsi: si vous ne payez pas davantage, débrouillez-vous face à la menace russe.
Le secrétaire général de l'organisation Mark Rutte, qui a croisé Donald Trump à plusieurs reprises pendant son premier mandat, a cependant multiplié les propos rassurants depuis son arrivée à la tête de l'Alliance début octobre. Lorsque le Républicain prendra ses fonctions le 20 janvier, "il trouvera une Alliance plus forte, plus unie et plus importante", assurait mercredi le Néerlandais.
L'Otan assure en effet avoir en partie répondu aux défis lancés par Donald Trump. Elle a repris la coordination de l'aide militaire à l'Ukraine, jusque-là aux mains des Américains, et, surtout, elle met régulièrement en avant les efforts budgétaires des pays européens, accusés par le milliardaire d'être de "mauvais payeurs". Vingt-trois des 32 pays de cette organisation consacrent désormais 2% de leur Produit intérieur brut (PIB) à leurs dépenses militaires quand ils n'étaient qu'une poignée il y a dix ans.
• Vers des tensions accrues avec la Chine?
Donald Trump réélu, la Chine peut s'attendre à quatre années de surtaxes douanières, tensions et joutes verbales mais sa réputation de négociateur pourrait jouer en faveur de Pékin. Avant l'annonce de sa réélection, la Chine avait indiqué vouloir une "coexistence pacifique" avec les Etats-Unis - peu importe le vainqueur de l'élection. Conformément à ses habitudes, Pékin n'a toutefois pas souhaiter s'étendre sur la manière dont une victoire du magnat républicain pourrait affecter les liens bilatéraux.
Donald Trump comme Kamala Harris avaient fait campagne en promettant de mettre la Chine sous pression. Le magnat républicain avait fait monter les enchères, en promettant d'imposer des droits de douane de 60% sur tous les produits chinois entrant aux Etats-Unis. Cette proposition pourrait frapper pour 500 milliards de dollars de marchandises chinoises importées, a calculé la société PineBridge Investments. Un scénario qui rappellerait de mauvais souvenirs à Pékin. Durant son premier mandat (2017-2021), Donald Trump avait lancé une guerre commerciale acharnée contre le géant asiatique, imposant d'énormes droits de douane sur les produits chinois.
Avec une économie chinoise qui connaît actuellement l'une de ses pires croissances depuis des années, la Chine n'a probablement pas envie de tensions supplémentaires avec les Etats-Unis, son plus grand partenaire commercial. Ce chiffre de 60% pourrait toutefois n'être une simple tactique de la part d'un homme qui a toujours vanté ses qualités de négociateur. Le magnat se présente régulièrement comme un négociateur hors pair ayant un contact unique avec certains dirigeants étrangers, notamment de pays autoritaires. En octobre, il a ainsi vanté sa "relation très forte" avec le président chinois Xi Jinping et affirmé qu'il serait en mesure de le dissuader de lancer une opération militaire contre Taïwan... en imposant aux produits chinois des droits de douane de 150%.