Ce serait une première en 2025: la Fed est en passe de baisser ses taux d'intérêt (comme l'espère Trump)

Il semble qu'il finira par avoir gain de cause. La banque centrale des États-Unis, où un conseiller de Donald Trump est en passe d'être nommé, devrait commencer à baisser ses taux d'intérêt mercredi pour donner du souffle à la première économie mondiale.
L'issue de la réunion du comité décidant des taux directeurs (FOMC) semble assurée: une baisse - la première de 2025. Les inconnues, pourtant, restent nombreuses.
La diminution sera-t-elle d'un quart de point (scénario le plus probable) ou d'un demi-point ? Les banquiers centraux afficheront-ils un front uni ? Quelles sont leurs nouvelles prévisions pour la croissance, l'inflation et le chômage ?
Mais aussi, et c'est plus inhabituel, qui siégera autour de la table ? L'institution monétaire est en effet au cœur d'un maëlstrom inédit.
Ses taux d'intérêt sont depuis décembre dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%, ce qui ulcère Donald Trump qui a retrouvé la Maison Blanche en janvier.
Le président américain réclame des baisses de taux pour alléger les coûts d'emprunt et soutenir la croissance, et minimise les risques d'un regain d'inflation. Il ne cache pas qu'il souhaite changer la gouvernance de la Réserve fédérale (Fed), dans l'espoir d'obtenir des décisions monétaires plus alignées avec ses vues.
Il a cherché à faire partir le patron de l'institution Jerome Powell et plus récemment à éjecter la gouverneure Lisa Cook, qui avait été nommée à la Fed sous son prédécesseur démocrate Joe Biden. Donald Trump accuse Lisa Cook d'avoir menti pour obtenir des emprunts immobiliers à des taux plus favorables en 2021, avant son arrivée à la Fed.
La gouverneure a obtenu cette semaine une décision de justice lui permettant de rester temporairement en place et de voter avec ses collègues du FOMC. Mais Donald Trump a fait appel et l'affaire est loin d'être close.
Processus de confirmation express
Le camp républicain tente en parallèle d'accélérer l'arrivée d'un fidèle de Donald Trump à la Fed.
La démission surprise d'une autre gouverneure nommée par Joe Biden, Adriana Kugler, a en effet permis au président de désigner à sa place Stephen Miran, un de ses principaux conseillers économiques.
Le Sénat à majorité républicaine doit confirmer la nomination. Un vote en séance plénière, prévu lundi, peut lui permettre de prêter serment in extremis et de siéger au FOMC mardi et mercredi.
Stephen Miran ne prévoit pas de démissionner de son poste de conseiller du président mais seulement de prendre un congé sans solde, au motif que le mandat qu'il doit remplir à la Fed n'est censé durer que quelques mois. La situation inédite - un gouverneur gardant un lien avec la Maison Blanche - a révolté l'opposition démocrate qui dénonce une "servitude" annoncée.
"Même s'il n'y a pas de mystère autour de la décision de la Fed (...) il y a beaucoup de tensions autour du reste: le cas Lisa Cook, Miran sera-t-il confirmé ?", relève auprès de l'AFP Josh Lipsky, expert au centre d'analyses Atlantic Council.
Dans ce contexte, "la façon dont Jerome Powell gérera la conférence de presse sera sans doute plus importante que la décision elle-même", ajoute John Lipsky, pour qui les marchés "sous-estiment les risques concernant l'indépendance de la banque centrale".
"Pas de bonnes options"
Sur le plan de la politique monétaire, la Fed se retrouve dans la situation qu'elle redoutait: à la fois plus d'inflation et de chômage.
"La stagflation (mélange de stagnation et d'inflation, NDLR) est dans l'air", a assuré sur X Jason Furman, professeur à l'université Harvard et ancien conseiller économique de l'ex-président démocrate Barack Obama. "Dans ces circonstances, a-t-il ajouté, il n'y a pas de bonnes options pour la Fed."
En effet, les outils à la disposition de la banque centrale - les taux directeurs - ne lui permettent pas de résoudre les deux problèmes à la fois.
En baissant ses taux, la Fed risque d'amplifier l'inflation. Si elle les relevait, elle freinerait l'économie et donc les embauches, déjà atones.
Les derniers rapports officiels sur l'emploi ont semblé convaincre les responsables monétaires que l'urgence était désormais de voler au secours du marché du travail.