"Ce crétin têtu doit baisser les taux": maintenant Trump encourage le "board" de la Fed à s'opposer frontalement à Powell

Donald Trump et Jerome Powell lors de la nomination officielle de ce dernier à la tête de la Fed le 2 novembre 2017. - Drew Angerer
Donald Trump s'en est pris, une nouvelle fois, à Jerome Powell, le président de la banque centrale américaine, ce vendredi 1er août.
Surtout, le président américain a interpellé les membres du conseil d'administration de la Réserve fédérale (Fed), leur demandant "de prendre les commandes et faire ce que tout le monde sait ce qu'il faut faire".
"Jerome Powell, ce crétin têtu, doit baisser considérablement les taux d'intérêt, MAINTENANT. S'IL CONTINUE À REFUSER, LE CONSEIL D'ADMINISTRATION DEVRAIT PRENDRE LES COMMANDES ET FAIRE CE QUE TOUT LE MONDE SAIT QU'IL FAUT FAIRE !", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.
Le président américain joue donc la carte de la dissension qu'il sent poindre au "board" de la Réserve fédérale.
D'ailleurs dans un second message posté ce vendredi après-midi, Donald Trump a été plus direct:
"De fortes dissidences au conseil d'administration de la Fed! Elles ne vont que s'aggraver! "Too late!"", a-t-il écrit. ["Too late" étant le surnom que Donald Trump donne à Jerome Powell]
Désaccords au sein de la Fed
Deux gouverneurs du conseil du conseil d'administration se sont prononcés contre le maintien des taux, décidé par la Fed ce mercredi. C'est la première fois depuis 1993 que deux membres de l'instance décisionnaire vont contre la décision prise.
La pression se renforce donc sur Jerome Powell, nommé par Trump lors de son premier mandat mais indépendant de celui-ci selon les statuts de la banque centrale.
Donald Trump réclame bruyamment depuis plusieurs semaines une baisse de ces taux pour soutenir la croissance et alléger le coût de la dette. Après l'annonce du maintien des taux cette semaine, le président américain a estimé que Jerome Powell était "en retard, et en réalité, trop énervé, trop stupide et trop politique pour faire ce boulot".
Croissance en hausse
Jusqu'ici, la Réserve fédérale adopte une politique monétaire prudente et refuse d'alléger trop rapidement ses taux, qui se situent à un niveau deux fois plus élevé que dans l'Union euroéenne. Elle craint qu'une baisse puisse contribuer à faire grimper les prix. L'inflation a tendance à augmenter ces derniers mois (+ 0,3% en juin, +2,7% sur un an) et les nouveaux droits de douane risquent de renchérir encore le coût des importations.
En parallèle, le PIB américain a progressé de 3% au deuxième trimestre, en rythme annualisé. Les derniers chiffres sur les créations de postes en juillet sont bons, avec 104.000 postes créés, contre une destruction de 23.000 postes en juin, selon l'enquête mensuelle ADP/Stanford Lab.
Ce n'est pas la première fois que le président des États-Unis entre en conflit avec le président de la Réserve fédérale. Ronald Reagan s'est également opposé à Paul Volcker, lorsque ce dernier procéda à partir de 1979 à une augmentation très rapide des taux d'intérêt pour endiguer la forte inflation causée par les chocs pétroliers.
Toutefois, le niveau de violence des attaques de Donald Trump est sans doute inégalé, si bien que l'indépendance de la Fed pourrait être remise en cause.