Cela n'était pas arrivé depuis 30 ans: la Fed maintient ses taux inchangés, mais deux gouverneurs votent contre sa décision

Deux membres républicains de la Réserve fédérale ont joué la carte de la dissidence. Dans un contexte de fortes pression de la part de l'administation Trump sur le président de la Fed, Jerome Powell.

La nouvelle n'est pas éclairante, mais son contexte mérite attention. La Réserve fédérale américaine (Fed) a maintenu ses taux inchangés ce mercredi, à 4,25 et 4,5%.

Mais deux gouverneurs de son conseil ont voté contre le maintien. Depuis 1993, cette situation ne s'était jamais produite: jamais plus d'un des membres de l'instance décisionnaire (ils sont sept) n'a été contre l'avis de la Fed, depuis 32 ans.

Les deux récalcitrants sont Michelle Bowman et Christopher Waller. Tous les deux républicains, les deux responsables auraient souhaité abaisser les taux de la réserve fédérale. Ils ont été tous les deux nommés par Donald Trump en 2020. Ils avaient prévenu: Christopher Waller avait évoqué il y a deux semaines un contexte macroéconomique dégradé.

"Je trouve que les données qualitatives et quantitatives sur l'activité économique et le marché du travail sont cohérentes. L'économie continue à croître. Mais le timing a ralenti significativement", avait-il expliqué.

Quant à Michelle Bowman, reconduite à la tête de la supervision bancaire récemment, elle soutenait que l'inflation, limitée, pouvait mener à une baisse de taux.

"Si les pressions inflationnistes restent contenues, je soutiendrais une baisse du taux directeur dès notre prochaine réunion afin de le rapprocher de son niveau neutre et de maintenir un marché du travail sain", avait-elle plaidé fin juin.

Donald Trump met la pression

Des pressions médiatiques relativement rares, qui se joignent à la stratégie de Donald Trump : celui-ci met la pression sur la Fed et sur son président, le républicain modéré et opposant de Trump Jerome Powell, pour abaisser les taux, qui sont par exemple deux fois plus élevés qu'en Europe.

Le président cherche à activer la croissance américaine : des taux bas favorisent le crédit, notamment, et permettent de relancer l'économie. Cela peut à l'inverse mener à une inflation plus forte.

Or l'économie américaine, selon les derniers chiffres publiés aujourd'hui par le département du Commerce, se porte déjà très bien : son PIB a crû sur le dernier trimestre, à 3% en rythme annuel (0,7% sur 3 mois). 104.000 postes ont aussi été créés, un chiffre solide. Au premier trimestre 2025, le PIB s'était contracté de 0,5%, mais la machine semble depuis relancée.

Donald Trump en a profité pour tancer Jerome Powell sur son réseau Truth Social :

"Monsieur "Trop tard" doit baisser les taux. Il n'y a pas d'inflation ! Laissez les gens acheter, et refinancer leurs maisons !", a déclaré le président.

Pourtant, l'inflation reste élevée : elle est repartie à la hausse ce trimestre aux Etats-Unis, à 2,7% en rythme annualisé. A l'inverse, elle stagne en Europe, autour des 2% depuis plusieurs mois.

VG avec AFP