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39% pour l'une, 35% pour l'autre: pourquoi Donald Trump a porté un coup de massue douanier à la Suisse et au Canada

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Faute d'être parvenus à un accord commercial avec Donald Trump, la Suisse et le Canada se sont vus imposer des droits de douane particulièrement élevés sur leurs produits exportés aux États-Unis.

Le Canada et la Suisse parmi les grands perdants. Alors que Donald Trump a signé le décret fixant les droits de douane pour chaque partenaire commercial des États-Unis, les deux pays héritent de surtaxes particulièrement prohibitives.

La Suisse notamment est visée par des droits de douane de 39% sur ses produits exportés outre-Atlantique. Un taux très élevé par rapport à des pays concurrents - comparé par exemple aux 15% qui doivent être imposés aux produits de l'UE - et qui semble avoir pris les autorités par surprise, d'autant qu'initialement l'administration de Donald Trump avait évoqué une surtaxe de 31%.

"La Suisse était et reste en contact avec les services compétents des USA. Elle aspire toujours à trouver une solution négociée qui soit compatible avec l'ordre juridique suisse, engagements internationaux compris", écrit le Conseil fédéral sur le réseau social X.

Les États-Unis sont un partenaire-clé pour la Suisse. En 2024, ils représentaient 18,6% de ses exportations de marchandises, selon les relevés des douanes. Il s'agit principalement de produits pharmaceutiques - qui représentent 60% de toutes les exportations suisses vers les États-Unis -, de livraisons de l'industrie tech (machines, équipements électriques et métaux) pour environ 20% et de montres (8%).

Les États-Unis, partenaire essentiel de la Suisse

Le déficit du commerce des biens des États-Unis avec la Suisse a approché les 40 milliards de CHF en 2024 (43 milliards d'euros et 49 mds d'USD), un indicateur auquel le président américain prête une attention toute particulière, y voyant un signe de faiblesse des États-Unis. La Suisse est pourtant le 6e pays en termes d'investissements directs aux États-Unis, particulièrement dans la recherche et le développement.

"Le Conseil fédéral prend acte avec grand regret de la volonté des USA de grever unilatéralement les importations de Suisse de droits de douane considérables, en dépit des progrès dans le cadre des discussions bilatérales et de la position très constructive de la Suisse", a également déclaré le gouvernement, soulignant que les droits de douane additionnels, qui doivent en l'état entrer en vigueur le 7 août, "divergent très largement" d'un projet de déclaration d'intention commune. Ironie du sort: cette annonce intervient le jour de la Fête nationale suisse.

Les responsables suisses, notamment Karin Keller-Sutter, la présidente de la Confédération également ministre des Finances, avaient pourtant multiplié les discussions avec Washington pour tenter de trouver un terrain d'entente. En vain. Jeudi encore, Karin Keller-Sutter avait parlé au président américain, avait-elle révélé sur X. "Le déficit commercial reste au centre" des préoccupations du président américain avait reconnu Karin Keller-Sutter. Cet entretien n'a pas permis de trouver un accord sur la déclaration d'intention négociée entre la Suisse et les États-Unis", avait-elle ajouté.

Le Canada dans le collimateur de Trump

Mauvaise nouvelle aussi pour le Canada dont les produits non couverts par l'accord commercial ACEUM (ex-Alena) seront taxés à 35%, a fait savoir la Maison Blanche. Cette annonce, qui dénonce "l'inaction et les représailles continuelles du Canada", intervient alors que Donald Trump a dit que le Premier ministre canadien Mark Carney lui avait tendu la main avant la date butoir du 1er août, mais qu'aucune conversation n'avait eu lieu.

Jeudi, le président américain avait déjà jugé qu'un accord avec le Canada serait "très difficile" après la décision d'Ottawa de reconnaître la Palestine en septembre. Mi-juillet, il s'en prenait aussi au gouvernement canadien qui "a riposté avec ses propres de droits de douane". Washington reproche enfin au Canada de ne pas agir pour diminuer le trafic de fentanyl, un puissant opioïde, à destination des États-Unis, et de ne pas parvenir à réduire les flux migratoires par la frontière nord.

Le premier ministre canadien Mark Carney a déclaré ce vendredi qu'Ottawa était "déçu" par la décision de Trump. Pour préserver des secteurs comme ceux du bois, de l'acier, de l'aluminium et de l'automobile, non compris par l'accord de libre-échange trilatéral avec le Mexique et les États-Unis, "le gouvernement canadien agira pour protéger les emplois canadiens, investir dans notre compétitivité industrielle, acheter canadien et diversifier nos marchés d'exportation", a-t-il expliqué dans un communiqué publié sur X.

P.L. avec AFP