Donald Trump aurait-il oublié la Suisse? Le pays pourrait écoper de 31% de droits de douane demain (alors qu'il veut négocier depuis avril)

Important partenaire commercial de la Suisse, les États-Unis n'ont toujours pas tranché sur les droits de douane imposés au pays alpin.

La Suisse est toujours dans l'attente d'une décision de la Maison Blanche concernant les droits de douane qui seront appliqués à ses produits aux États-Unis à compter du 1er août. Début avril, l'administration du président américain Donald Trump avait fixé la barre à 31% pour les produits helvétiques, et Berne avait immédiatement choisi la voie de la négociation. Depuis lors le pays était frappé par une taxe de 10% comme l'UE.

Contacté par l'AFP, le ministère des Finances a confirmé être toujours dans l'attente d'une décision de Washington, expliquant que le Conseil fédéral (le gouvernement suisse, ndlr) "communiquera activement" dès qu'il y aura des "développements significatifs", sans pouvoir donner plus de détails à ce stade. 

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Fin avril, la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter, qui est également ministre des Finances, et Guy Parmelin, le ministre de l'Économie, avaient rencontré à Washington le secrétaire au Trésor américain Scott Bessent et le représentant au Commerce Jamieson Greer pour amorcer des discussions. Ils s'étaient de nouveau revus en mai lors des pourparlers entre la Chine et les États-Unis à Genève.

Produits pharmaceutiques

Le gouvernement suisse a depuis préparé le terrain pour faciliter un accord en signant le 4 juillet une déclaration d'intention commune mais qui "nécessite l'approbation des deux parties", a rappelé le ministère des Finances.

"C'est dans les mains des États-Unis", a déclaré mardi Karin Keller-Sutter dans un entretien avec la radio-télévision suisse (RTS).

Début avril, le professeur Hans Gersbach, chef adjoint du centre de Centre de recherches conjoncturelles de l'École polytechnique fédérale de Zurich, avait réalisé une première évaluation de l'impact des droits de douane sur le produit intérieur brut (PIB). Il avait alors estimé que des droits de douane de 31% pourraient coûter au moins 0,2% de croissance à la Suisse.

Mais depuis de nombreux droits de douane ont changé, a-t-il indiqué à l'AFP, "la question ouverte étant de savoir comment la pharmacie sera traitée". La pharmacie est le premier secteur d'exportation de la Suisse, les décisions de la Maison Blanche concernant ce secteur étant donc "très importantes" pour évaluer l'impact économique pour le pays alpin.

Après l'Union européenne?

Dimanche, l'Union européenne a scellé un accord commercial avec Washington prévoyant de droits de douane de 15% sur la plupart de ses produits arrivant aux États-Unis. Hans Gersbach a dit "espérer un accord avec des droits de douane substantiellement plus bas, de 10% ou 15%".

Les États-Unis sont un partenaire-clé pour la Suisse. En 2024, ils représentaient 18,6% des exportations de marchandises de la Suisse, selon les relevés des douanes. La Suisse y exporte surtout des médicaments, mais aussi des montres, des machines, des capsules de café, du fromage et du chocolat.

Au vu de son excédent commercial avec les États-Unis, la Suisse s'est vu imposer des droits de douane de 31%, difficiles à absorber même pour des fabricants de montres de luxe. Les États-Unis sont le plus gros marché des horlogers suisses qui a absorbé 16,8% de leurs exportations en 2024. Les exportations de montres suisses s'y chiffraient à 4,37 milliards de francs suisses (4,65 milliards d'euros), en hausse de 5% sur un an, aidant à atténuer la forte chute de la demande en Chine.

J. Br. avec AFP