20 milliards de dollars pour sauver Javier Milei: l'Argentine officialise un accord d'échange de devises avec le Trésor américain

L'Argentine a officialisé un accord d'échange de devises pour 20 milliards de dollars avec les États-Unis, ce lundi 20 octobre, visant "à contribuer à la stabilité économique de l'Argentine", a annoncé la banque centrale du pays sud-américain. L'accord d'échange de devises, dit "swap", vise à soutenir le cours du peso argentin. Il avait été annoncé fin septembre par le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent et restait à finaliser.
L'économie argentine et sa monnaie sont en proie à de violentes turbulences à l'approche d'élections de mi-mandat délicates pour le président ultralibéral Javier Milei. Lors de ce scrutin, dimanche 26 octobre, le président argentin depuis 2023 ne jouera pas sa survie politique, mais sa future marge de manœuvre législative, pour pouvoir mener à bien ses réformes de dérégulation dans ses deux années restantes de mandat.
Concrètement, les investisseurs ont commencé à douter de la viabilité de la politique du peso fort mise en œuvre par le président argentin pour éteindre l'inflation. "Pour ce faire, l'Argentine a dû puiser dans ses réserves de change. Lorsque ces réserves ont atteint un niveau critique, l'Argentine a cherché – et obtenu – la possibilité d'emprunter des réserves de change aux États-Unis", explique Brad Satser, chercheur au Council on Foreign Relations (CFR), dans une note.
"Sans une injection de nouvelles réserves de change, l'Argentine aurait été obligée d'abandonner sa marge de fluctuation monétaire et de permettre une forte baisse du peso, et elle aurait eu du mal à réunir les quelque 4 milliards de dollars nécessaires pour effectuer les paiements contractuels de sa dette extérieure début janvier", poursuit Brad Setser.
Fort soutien de Trump
En plus des interventions directes sur le marché des changes, en plus de l'accord de swap, Scott Bessent a aussi annoncé un dispositif, encore en travail, de 20 milliards de dollars de plus, avec des banques privées et fonds souverains, pour aider l'Argentine à supporter sa dette.
Alors que des élections auront lieu le 26 octobre, Donald Trump a menacé de couper les vivres à l'Argentine si son allié, le président ultralibéral Javier Milei, essuyait un nouveau revers électoral. "S'il ne gagne pas, nous partons", a déclaré le président américain. Ce n'est que la quatrième fois que les États-Unis interviennent sur les marchés de change depuis 1996, la dernière étant en 2011 pour vendre du yen après le tremblement de terre au Japon, selon la Réserve fédérale.
Cette décision contraste avec la décision du gouvernement Trump de tailler massivement dans l'aide internationale au nom de la doctrine "America First" ("l'Amérique d'abord"). Cette approche diplomatique s'avère toutefois compatible avec le soutien de gouvernements étrangers jugés idéologiquement proches de Donald Trump. Les deux pays ont également signé un accord pour la fourniture de minerais, en particulier de lithium.