Inflation: pas de "mars rouge" mais une hausse des prix record à 1,8% sur le mois

Sur un an, l'inflation a atteint 16,2% en grande distribution. - AFP
Le mois de mars n'a pas été rouge mais l'inflation a tout de même accéléré dans les rayons. Selon l'étude mensuelle de Circana (ex-Iri), les prix des produits de grande consommation ont augmenté de 1,8% sur le troisième mois de l'année, soit la plus forte hausse depuis le début de la poussée inflationniste en 2021. Autrement dit, c'est comme si un chariot de courses représentatif des produits passait de 100 euros en février à 101,80 euros en mars.
Mars 2023 établit donc un nouveau record de hausse mensuelle. Les précédents pics étaient octobre 2022 (+1,5%) et juillet 2022 (+1,6%). Sur un an, l'inflation s'établit désormais à 16,2% après 14,5% en février et 13,7% en janvier. Par rapport à mars 2021, la hausse est même de 17,7%. Un même chariot de courses payé 100 euros il y a deux ans vous coûte donc désormais 117 euros. Du jamais vu depuis que les panélistes font des relevés de prix.

C'est l'alimentaire (+1,9%) le rayon qui a le plus augmenté en mars et en particulier l'épicerie salé (pâtes, riz, boites de conserve, sauce...) avec une hausse moyenne de 3%. Suivent l'épicerie sucrée (biscuits, chocolats...) en hausse de 2,7%, la crèmerie (+2,7%) et les eaux et boissons non-alcoolisées (+2,5%).
Côté produits ce sont toujours les viandes surgelées (+31,6% sur un an), les mouchoirs en papier (+30,4%), les plats cuisinés (+30,3%), le papier toilette (+27,4%) et les moutardes (+27,3%) qui sont les plus inflationnistes.
Des hausses spectaculaires qui montrent une accélération mais on ne peut pour autant pas parler de "mars rouge". La hausse des prix s'est poursuivie mais il n'y a pas eu d'explosion à deux chiffres et ce, alors que les négociations commerciales se sont achevées ce mois-ci avec des hausses moyennes estimées à 10% par la grande distribution.
Les marques nationales en forte hausse
Ce n'est pas une surprise pour les panélistes qui s'attendaient à une hausse progressive des prix durant l'ensemble du deuxième trimestre. Depuis la fin des négociations, la grande distribution achète en effet ses produits au nouveaux tarifs. Mais le temps que les commandes soient livrées, il peut s'écouler plusieurs semaines voire plusieurs mois. En attendant, les magasins continuent d'écouleur leurs stocks aux anciens tarifs.
De plus les négociations commerciales concernent exclusivement les produits de marques qui représentent environ 66% des achats des consommateurs. Les produits premiers prix et ceux à marque de distributeurs (MDD) ne sont pas concernés par ces négociations annuelles et sont donc moins susceptibles de subir ce coup de fouet tarifaire du mois de mars. C'est d'ailleurs ce que l'on constate sur l'évolution mensuelle. Les prix de l'ensemble des produits de grande consommation ont progressé de 1,8% en mars mais les seules marques nationales enregistrent un gain de 2,2% quand les MDD (+1,2%) et les premiers prix (+0,8%) augmentent plus modestement.
Dans certains rayons les écarts sont parfois conséquents. Les produits MDD dans la crèmerie ont ainsi augmenté de 1,7% en mars contre 3,4% pour ceux de marques nationales, une hausse deux fois moins importante. Dans le frais non laitier (charcuterie, traiteur, volaille...), la hausse est trois fois moindre pour les MDD et premiers prix (+0,5%) que pour les marques (+1,6%). L'écart le plus important est en épicerie sucrée avec une hausse près de cinq fois supérieure pour les marques nationales (+2,9%) que pour les premiers prix (+0,6%). Suivi par l'épicerie salée avec une inflation de 3,7% pour les marques contre à peine 1% pour les premiers prix et 1,5% pour les MDD.
Les consommateurs ne sy trompent pas. Depuis le début de l'année, les ventes de produits de marques ont chuté de 6,4% quand ceux des premiers prix ont bondi de plus de 10%.
Si mars n'a pas été "rouge", la forte hausse tout de même constatée risque de se poursuivre les mois suivants à mesure que les magasins réassortiront leurs rayons. En avril, une proportion encore plus importante de produits aux nouveaux tarifs devraient garnir nos magasins. La hausse moyenne des prix pourrait flirter avec les 2%. Selon les experts de Circana la hausse globale pourrait atteindre 7% en juin par rapport aux tarifs de février. Avant peut-être une décrue plus que jamais attendue par les consommateurs.
