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Impôts, entreprises, retraite... Que dit Christiane Taubira sur l'économie?

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Dans son programme de la présidentielle de 2002, la peut-être future candidate de la gauche déployait une vision de l'économie assez similaire à celle de la majorité présidentielle actuelle.

Elle en parle peu, mais pourtant l'économie n'est pas un domaine totalement étranger à Christiane Taubira. Au contraire. Si la possible candidate à l'élection présidentielle de 2022 prend plus souvent la parole sur les questions sociétales ou régaliennes comme la justice, l'exclusion ou le racisme, l'ex-Garde des Sceaux de François Hollande a débuté sa carrière comme professeur de sciences économique en 1978 après notamment un DEA (équivalent d'un Master 2) en économie obtenu l'université Panthéon-Assas.

Lorsqu'elle quitte l'enseignement en 1982, c'est pour se consacrer à la vie économique guyanaise en prenant la tête de divers organismes et fédérations de coopérations économiques. Elle dirige notamment l’Office de coopération et du commerce extérieur de la Guyane ou l’Assistance technique à la pêche artisanale en Guyane. C'est d'ailleurs à ce titre qu'elle commence sa vie publique en animant sur RFO-Guyane une émission sur l'économie et l'agriculture.

Vote l'investiture de Balladur

Elue députée en 1993, elle intègre à l'Assemblée le groupe République et liberté plutôt centriste et qui réunit des personnalités comme Jean-Louis Borloo qui fera carrière dans des gouvernements de droite ou Jean-Pierre Chevènement issu du Parti socialiste.

Au sein de ce groupe, la députée guyanaise vote d'ailleurs en faveur de l'investiture du gouvernement d'Edouard Balladur d'obédience plutôt libérale sur le plan économique. Dans un but d'apaisement, assure-t-elle à l'époque dans un article du Monde. Mais aussi parce que "rien dans ce discours [de politique générale du Premier ministre] ne constituait un élément rédhibitoire", assure-t-elle à la journaliste Caroline Vigoureux qui lui a consacré une biographie.

Une carrière politique nationale qui la mènera à se présenter à l'élection présidentielle de 2002 où la candidate sous l'étiquette cette fois du Parti radical de gauche est créditée de 2,32% des voix.

Dans son programme électoral de l'époque, Christiane Taubira défend une vision plutôt favorable aux entreprises et à l'entrepreneuriat.

"Les entreprises privées traditionnelles sont les animateurs essentiels de l'activité économique, assure-t-elle. Ce premier pôle d'acteurs économiques comprend à la fois des Très Petites Entreprises (TPE), des Petites et Moyennes Entreprises (PME), et des grandes entreprises européennes et multinationales."

Elle préconise ainsi de favoriser le capital-risque pour le financement les entreprises, d'alléger la fiscalité notamment sur les investissements et la création de service publics efficaces pour aider à la création d'entreprises.

Les charges pénalisent l'emploi

Si elle prône des services publics forts et rejette les privatisations dans les secteurs des énergies, de l'éducation et de la santé, elle souhaite que ces derniers soient plus performants.

, valables pour toute "entreprise" et des éléments de rentabilité sociale et civique", peut-on lire.

Mais sur le volet fiscal que le programme de la candidate du PRG surprend. Dans un chapitre intitulé "Les grands chantiers de la réforme fiscale", la candidate d'alors défend une baisse de la fiscalité et des cotisations sociales.

Le système de prélèvement "fait peser une part excessive du financement de cette protection, qu'elle soit à la charge des employeurs ou des employés, sur le travail salarié, au risque de pénaliser l'emploi, écrit-elle. Un effort de rationalisation dans la gestion de notre système de financement de la protection sociale est indispensable. [...] Il est préférable de financer l'activité, génératrice de recettes, que l'inactivité, génératrice de coûts. "

Christiane Taubira souhaite supprimer l'impôt sur le revenu, la fiscalité qui finance la protection sociale (CSG, CRDS) ainsi que "certaines cotisations sociales obligatoires" pour les remplacer par un impôt payé par tous mais à "taux modéré". Un impôt qu'elle souhaite par ailleurs prélevé à la source.

Concernant l'emploi, la candidate d'alors précise que "la relance de l'emploi suppose également un allègement de la charge fiscale et sociale globale pesant sur le facteur de production travail, et son report partiel vers d'autres assiettes, en particulier le capital financier et technique."

Une part de capitalisation dans la retraite

Enfin sur les retraites, la candidate ne parle de report de l'âge de départ mais insiste tout de même sur "les données statistiques sur la vie active [qui] imposent une réforme."

Cette réforme consiste au maintien du système par répartition mais aussi l'introduction d'une part de retraite par capitalisation.

"Au-delà d'un certain niveau de pensions de retraite (trois ou quatre fois le SMIC, en fonction des contraintes de financement), les compléments le cas échéant recherchés relèvent de la responsabilité individuelle, assure-t-elle. Ces compléments doivent être financés par la capitalisation."

Elle prône ainsi des soutiens fiscaux pour la constitution d'épargne-retraite.

La vision économique de Christiane Taubira n'est peut-être plus la même aujourd'hui, mais depuis la femme politique s'est très peu exprimée sur le sujet. En tout cas, son programme de 2002 offre d'étonnantes similitudes avec celui de la majorité présidentielle actuelle.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco