Impôt, dépense publique, optimisme... Elisabeth Borne en Première ministre "pro-business" devant les patrons

Pas de changement de cap. Devant les patrons réunis à l'hippodrome Longchamp pour la grande rentrée du Medef, l'exécutif était en mode séduction ce lundi. Après Emmanuel Macron qui dans une vidéo enregistrée appelait le patronat à l'unité avec sa politique économique, c'est la cheffe du gouvernement qui martelait le même message "pro-business".
Refroidis par le nouveau calendrier de suppression de la CVAE, un impôt de production qui prélève encore 4 milliards d'euros au compte d'exploitation des entreprises, les patrons qui doutaient ont peut-être été rassurés par la volonté affichée d'Elisabeth Borne.
"Il n'y aura pas de hausses d'impôts", notamment pour les entreprises, a-t-elle ainsi assuré pour répondre d'emblée aux critiques. Après un premier quinquennat marqué par la baisse du taux d'impôt sur les sociétés, la baisse d'impôts de production, la mise en place d'une flat-tax sur les revenus du capital ou encore la transformation de l'ISF en IFI, la première ministre a tenu à faire savoir pour convaincre son auditoire qu'elle croyait en cette politique.
"Nous sommes la majorité qui a fait le plus pour libérer l'activité des entreprises depuis des décennies, les résultats sont là, le chômage est au plus bas depuis 40 ans [...] et depuis 2017 notre croissance cumulée est supérieure à celle de l'Allemagne, de l'Italie ou de l'Espagne, a rappelé la Première ministre. En résumé, cette politique économique elle marche, ce n'est pas maintenant que nous allons changer de cap, il n'y aura de hausse d'impôt."
"Si on peut, on accélérera"
Invitée sur BFM Business, elle a même entrouvert la porte pour une suppression éventuelle plus précoce de la CVAE. Initialement prévue en 2023, puis décalée sur deux ans, la fin définitive de cet impôt de production est aujourd'hui programmée pour 2027.
"Si on peut aller plus vite, évidemment on accélérera, si la situation macroéconomique le permet", a-t-elle confié.
Avec une croissance attendue à 1% pour cette année dans un contexte de forte inflation et de hausse des taux, la priorité du gouvernement est de limiter la dépense publique afin de respecter la trajectoire budgétaire qui prévoit un déficit sous les 3% du PIB à horizon 2027.
Pour le gouvernement, baisser trop massivement les impôts enverrait un mauvais signal aux marchés qui pourrait sanctionner le pays en augmentant le coût de l'argent.
"Cela aurait un impact immédiat sur les taux d'intérêt, estime la cheffe du gouvernement. On a aujourd'hui un contexte macroéconomique qui est plus incertain dans lequel notre pays résiste bien et on doit en tenir compte, chacun doit prendre sa part et l'Etat prend la sienne avec une baisse de 3% des dépenses en volume."
Perspectives et promotions
Néanmoins, c'est un message d'optimisme qu'a surtout tenu à faire passer celle qui a été confirmée dans ses fonctions en juillet dernier par le chef de l'Etat. Se félicitant des bons résultats de l'économie française, elle souhaite que les Français profitent davantage des fruits de cette bonne santé.
"Il est impératif que nos concitoyens ressentent l'apport de cette réussite macroéconomique, assure-t-elle. C'est comme ça qu'on changera le regard qu'on peut avoir sur la relation entre le contribuable et l'entreprise et faire adhérer à notre politique pro-business."
Les entreprises ont, selon elle, un rôle de premier plan à jouer afin que les Français "puissent avoir des perspectives de promotion et d'ascension sociale."
