Gaz, inflation: la Berd réduit ses prévisions 2023, surtout en Ukraine

L'activité pour l'ensemble des régions couvertes par la Berd, qui vont de l'Europe centrale à l'Asie centrale en passant par le pourtour méditerranéen, devrait accélérer à 3,3% en 2024 - dr
Entre prix du gaz et inflation élevés, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) a revu nettement à la baisse ses prévisions 2023 de croissance, particulièrement pour l'Ukraine où les combats font toujours rage. L'institution anticipe désormais une croissance de 2,1% en 2023 contre 3,0% lors de précédentes projections en septembre, pour l'ensemble de ses régions, d'après un communiqué jeudi.
L'activité pour l'ensemble des régions couvertes par la Berd, qui vont de l'Europe centrale à l'Asie centrale en passant par le pourtour méditerranéen, devrait accélérer à 3,3% en 2024. L'an dernier, l'économie des régions de la Berd a globalement accéléré de 2,4%, plus lentement qu'en 2021 à cause de l'invasion russe de l'Ukraine et de l'atténuation de la reprise post-covid.
Hausse des tarifs du gaz
Les prix du gaz sont largement retombés à leur niveau d'avant la guerre en Ukraine, les nouvelles sources d'approvisionnement en GNL de Norvège et Algérie notamment ayant permis d'apaiser les cours en réaction à la perte d'une grande partie des livraisons russes, explique la Berd dans son rapport.
En outre, les prix plus élevés forçant les ménages à réduire leur consommation pour limiter l'envolée des factures et l'hiver relativement doux font que les stocks de gaz en Europe se retrouvent au-dessus de leur niveau de 2021. Mais en termes réels, les niveaux des cours actuels du gaz restent "comparables aux sommets des années 80 et six fois plus élevés qu'outre-Atlantique", fait valoir la Berd dans son rapport.
L'inflation pèse sur la consommation
Autres facteurs qui ont amené l'institution à diminuer ses estimations de croissance: "l'inflation très élevée érode les salaires réels, ce qui pèse sur la consommation", souligne Beata Javorcik, cheffe économiste de la Berd, interrogée par l'AFP. L'inflation a reculé à 16,5% dans la zone économique de la Berd en décembre après un sommet à 17,5% en octobre (un plus haut depuis 1998).
En outre, "ce qui est nouveau" comparé à septembre est qu'"on ne voit pas de résolution rapide de la guerre, ce qui veut dire que les incertitudes persistent et nuisent à l'investissement", poursuit Mme Javorcik. La prévision de croissance en Ukraine a été fortement revue à la baisse à 1% pour cette année, contre 8% lors des prévisions publiées en septembre, avec 3% de croissance anticipés en 2024.
En Turquie, victime d'un tremblement de terre dévastateur la semaine passée, la croissance avait déjà ralenti "considérablement en 2022 et devrait reculer plus encore à 3% en 2023 et 2024, en raison de besoins de financements externes croissants et l'incertitude politique liée aux élections", fait valoir la Berd.